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Zighcult
29 septembre 2005

Référendum sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale

Les Algériens se prononcent aujourd’hui 

par Mekioussa Chekir

Les concepts de paix et de réconciliation nationale, qui ont imprégné depuis quelques mois le discours politique des plus hauts responsables du pays, sont désormais un projet politique pour lequel les Algériens sont de nouveau conviés aux urnes.

Ce sont les deux concepts que le chef de l’Etat a finalement retenus pour écarter -momentanément ? - celui de l’amnistie générale qui, à peine lancé, n’avait pas manqué, il y a quelques mois, de susciter des réactions des plus controversées de la part de certaines parties, les familles des victimes du terrorisme en premier lieu.

Une hostilité d’autant plus compréhensible que les initiateurs de cette démarche n’avaient pas jugé utile d’en préciser les contours, les tenants et les aboutissants. Ce n’est certes pas le cas avec le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, dans la mesure où l’on a eu droit à une mobilisation record de la part du chef de l’Etat en personne, du staff gouvernemental et des organisations de masse en vue d’en expliquer le contenu et de convaincre de ses bienfaits pour le devenir du pays et de la société.

Une campagne qui a battu son plein des jours durant pour assurer un maximum de mobilisation de la part des citoyens et dont l’épine dorsale a été les différents meetings animés par le président de la République aux quatre coins du pays.

Mais force est de reconnaître que les Algériens ont été destinataires, une nouvelle fois, d’une campagne terne où le débat contradictoire n’avait pas droit de cité. Outil de propagande par excellence, les médias lourds ont de nouveau été sollicités pour une mission de sensibilisation et de propagande à sens unique, faisant fi de la mission de base qui leur est dévolue, celle d’informer, ainsi que de leur caractère de service public.

Les meetings, tables rondes et autres interviews se sont succédé jusqu’à devenir récurrents, voire rébarbatifs. Même les chanteurs, les sportifs et autres personnalités ont été mis à contribution pour se faire les chantres de la charte et glorifier la démarche présidentielle.

Aucune voix hostile ou réticente n’a eu droit à l’écran ou à l’antenne pour donner un peu de relief à cette campagne transformée en un matraquage médiatique en bonne et due forme pour un «oui» sans équivoque au référendum. Pourtant, des hostilités à la démarche du président se sont bel et bien exprimées à travers d’autres canaux, ne serait-ce que celles émanant des familles des victimes du terrorisme, les premières concernées par la question.

Même la classe politique a failli servir de caisse de résonance du discours officiel, n’étaient les rares oppositions émanant des formations politiques telles que le FFS, le RCD ou le MDS. Autre caractéristique de cette campagne : l’absence de coordination au sein de l’alliance présidentielle quant à deux aspects fondamentaux : le retour sur la scène politique des ex-dirigeants du FIS dissous et l’accompagnement du référendum par des mesures ultérieures.

S’agissant du premier point, il y a lieu de rappeler que face à l’intransigeance du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui a écarté toute possibilité pour les ex-chefs du parti dissous de faire de la politique à l’avenir, son allié du MSP, Aboudjerra Soltani, vient de laisser entendre le contraire.

Il y a deux jours, en effet, il a suggéré, lors d’une conférence de presse, qu’une fois la peine prononcée contre eux passée, rien n’empêcherait que les responsables reprennent leurs activités. Cela au moment où, rappelons-le aussi, le chef de l’Etat a, à maintes reprises, tranché lors de ses meetings pour la mise à l’écart des concernés de la scène politique.  Alors que ce dernier avait également soutenu que l’étape de la charte pour la paix et la réconciliation nationale sera suivie par d’autres, le leader du RND a affirmé, quant à lui, qu’il s’agit plutôt de la dernière.

Autant de contradictions qui ont émaillé une campagne dont il reste à connaître désormais l’impact. M. C.


La réconciliation face aux urnes



par Zouaoui Mouloud

C’est aujourd’hui que les Algériens se prononcent par voie référendaire sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale censé mettre fin à plus d’une décennie de violence et de tourments auxquels ont été conviés les Algériens à leur dépens.

Attendue depuis qu’elle a été annoncée dans le fameux discours du Président en 2002 à Batna, la réconciliation nationale a fini par prendre forme trois ans plus tard dans un chapelet de mesures de clémence et de compensation sociale en faveur des terroristes et des victimes, toutes catégories confondues, de ce qui a été baptisé «la tragédie nationale».

La nouveauté du texte, par rapport à la loi sur la concorde, est que les familles des personnes disparues ont droit de cité et droit aux réparations. Toutefois, les responsables des 6 146 disparitions (entre 7 000 et 10 000 selon des estimations indépendantes) recensées par le comité ad hoc d’enquête, installé par Abdelaziz Bouteflika et présidé par l’avocat Me Farouk Ksentini, ne sont pas identifiés, encore moins inquiétés par les mesures de la charte.

Cette dernière vient en appoint de la loi de la concorde civile approuvée par référendum en septembre 1999 qui avait accompagné la reddition de quelque 6 000 membres de l’Armée islamique du salut (AIS) et d’autres groupuscules. La nouvelle option pour la paix bénéficie d’ailleurs du soutien de Madani Mezrag l’ex-émir national de l’AIS, tant elle favoriserait l’application des clauses de la loi antérieure qui sont restées lettre morte, notamment sur le plan de la réhabilitation des anciens membres de l’AIS.

Mais le texte qui semble promettre la clémence aux terroristes repentis ne règle pas pour autant le problème de ceux qui sont perçus comme leur ayant servi de couverture politique, à savoir la direction du FIS dissous. La charte, tout comme les propos sans cesse ressassés durant la campagne par Bouteflika ainsi que par ses plus proches collaborateurs dont Abdelaziz Belkhadem, dénient aux ex-dirigeants du FIS le droit à un quelconque retour sur la scène politique.

Accusés d’avoir attisé la discorde et favorisé l’apparition du terrorisme, il n’est pas question pour les ex-responsables de ce mouvement, aux portes du pouvoir avant le coup de force de janvier 1992, de prétendre ressusciter leur organisation, celle qui réclamait un Etat islamique.

Le président Bouteflika avait tranché : «Ni Etat islamique ni Etat laïc», un juste équilibre aux antipodes des extrémismes. Pour beaucoup, le vrai défi de cette charte, présentée par son concepteur comme la panacée au maelström des maux qui gangrènent la société algérienne dans toutes ses strates, est de parvenir à la paix sociale.

Le Président compte sur cette démarche non pas seulement pour balayer d’un revers de la main le terrorisme, l’insécurité, et apaiser les souffrances des victimes de la tragédie, mais aussi pour ouvrir la voie aux grands chantiers de réformes auxquels est suspendu le développement du pays.

La lecture des discours du Président durant la campagne d’explication de la charte démontre que son vœu le plus cher est que cette démarche serve aussi de raccourci à une relance économique tant espérée, et fasse reculer la pauvreté, considérée comme nourricière du terrorisme et de son corollaire la criminalité, voire l’instabilité sociale.

Dès lors, il est apparu que le plus urgent pour le chef de l’Etat est d’obtenir le quitus des électeurs pour faire taire la violence, l’un des obstacles qui font hésiter les investisseurs étrangers, le violon d’Ingres de ce plan de relance 2005-2009, et aboutir, à terme, à présenter à l’étranger l’image d’une Algérie réconciliée et ouverte sur l’extérieur.

Z. M.


Vous mourriez hier, votez aujourd’hui !



par Mohamed Badaoui

L’avance prise par Bouteflika sur ses adversaires et sur son peuple réside dans sa capacité inouïe de susciter et de gérer les émotions. Et il ne se passe pas un jour sans qu’il ne relance la mise avec un geste, une parole, un acte qui laissent pantois frères et ennemis.

Même le Dr Saïd Sadi, psychiatre, habitué aux profils psychologiques, est tombé dans le panneau. Celui qu’il traite aujourd’hui de tous les noms, le faisait hier encore, dans sa main, boire et manger. Et aujourd’hui qu’il est trop tard, à l’heure où tout le monde sent qu’il s’est trompé de société, le pigeon se réveille pour pousser d’indicibles cui-cui.

La force du Président réside dans sa rhétorique qui tranche avec ce parler creux et stéréotypé en vigueur dans les cénacles politiques algériens. Elle est aussi dans son expression corporelle, surtout celle du visage qui devient une scène de théâtre dès qu’il se met à parler.

En fin comédien, Bouteflika joue sur toute la gamme des émotions de son public auquel il fait avaler, en même temps, le miel et la harissa. Il sait que ce sont les émotions – et non la raison – qui gouvernent le monde. Particulièrement depuis l’invention de l’opinion publique, du cinéma et de la télévision.

Des hommes comme Chadli, Zeroual, Kafi ou comme le Français Alain Juppé n’ont pas brillé car à aucun moment leurs discours ou leurs personnes n’ont ému le public. En revanche, à l’instar d’Ali Benhadj, Sarkozy a réussi, par on ne sait quelle alchimie, à se frayer un sentier battu jusqu’aux cœurs des Français.

Oui ce sont les émotions qui gouvernent le monde. C’est en leur nom qu’on lève les armées et qu’on fait faire à un peuple ce que l’on veut. Même les religions ne peuvent se passer de mise en scène, de costumes, de décors et de lyrisme pour émouvoir les brebis sages et égarées.

L’art est lui aussi une puissante génératrice d’émotion. C’est pourquoi, les artistes ont cette immense influence, pour ne pas dire pouvoir, sur leurs admirateurs. Bouteflika sait apparemment tout ça. Il règle ses shows comme du papier à musique, suivant un tempo tantôt civil, tantôt militaire.

Son répertoire est riche. Il peut tenir pendant longtemps son public en haleine. Quant aux critiques, même lorsqu’ils sont acerbes, même lorsqu’ils ont l’aura maraboutique d’Aït-Ahmed, il s’en sert en retournant contre leurs armes leurs armes jusqu’à en faire des agents de publicité.

Cependant, attention, même cet incroyable démagogue ne doit pas sous-estimer l’impact des voix déchirantes qui, lors de cette campagne, se sont élevées pour pousser un cri de douleur, un cri d’effroi. Touchés dans leur chair et dans leur dignité, bien des gens se sentiront, demain, au ban de la société.

Ils se considèrent trahis par un texte qui est à leurs yeux la crête de l’injustice et la plus sordide des profanations. Ici et là, ces citoyens cacheront désormais comme une tare un mal profond et attendront le jour où le sort voudra bien les venger.

Ce n’est ni la paix ni la réconciliation qui les rendent tristes. Ces gens se meurent d’avoir, à l’issue du massacre, perdu sur tous les tableaux. Après le oui franc et massif, après la validation des résultats par le Conseil constitutionnel, l’Etat doit traiter leur douleur avec respect, se pencher tendrement sur elle pour apaiser leur colère et prendre en charge leur désarroi.

Il y a eu trop de mal dans ce pays, trop de destruction. Il faut que l’avenir soit nettoyé en profondeur des métastases de la fitna.

M. B.


Majesté et grandeur d’une nation



par Chakib Khelil (*)

Ce jeudi donc, les Algériens sont conviés par le président de la République à se prononcer par voie référendaire sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation. Ce qu’il est en fait proposé aux citoyens c’est un véritable rendez-vous avec l’histoire, un de ces actes fondateurs qui balisent au long des siècles la trajectoire des nations.

En un mot, il s’agira ce jour-là de tourner un chapitre noir et cruel de l’histoire contemporaine de l’Algérie et d’ouvrir une ère nouvelle qui doit permettre à notre nation, enfin apaisée et réconciliée avec elle-même, de poursuivre résolument l’œuvre immense de reconstruction, de redressement et de modernisation engagée il y a près de six ans par le président Abdelaziz Bouteflika.

Car tout se tient et le programme sur lequel Abdelaziz Bouteflika a été élu forme un tout : les grands chantiers ouverts dans les divers domaines économiques, sociaux, éducatifs, culturels, institutionnels et diplomatiques ne pourront être conduits à terme que par une nation ressoudée autour des valeurs historiques qui la distinguent et des grands défis de la modernité et de la mondialisation.

Panser les blessures, refermer les plaies béantes ouvertes dans le corps de la nation par une entreprise criminelle aveugle, reconstituer un tissu social déchiré, reconstruire des solidarités malmenées, réhabiliter et consolider les grands équilibres qui font les grandes nations : voilà ce que propose le projet de charte pour la paix et la réconciliation, sans qu’il soit question de renier rien de fondamental ni céder un pouce des valeurs fondatrices de la République.

Le texte du projet propose des mesures précises et suffisamment claires pour interdire toute tentative d’introduire l’équivoque et d’entretenir l’amalgame. Ces mesures, il importe de les rappeler, pour bien marquer l’esprit de mansuétude et de générosité qui les imprègne et qui porte la signature d’un Etat fort et d’une nation assurée d’elle-même et de son avenir, déterminée à reprendre une trajectoire qui a été déviée de son cours naturel durant plus d’une décennie.

L’essentiel est là qui conforte les résultats déjà acquis grâce aux mesures relatives à la rahma et à la concorde civile. D’abord le devoir de reconnaissance des Algérien à l’égard de ceux qui ont œuvré à la sauvegarde de la République, et à la préservation d’un Etat menacé dans ses fondements ; les mesures destinées à consolider la paix et la réconciliation ; celles relatives à la prise en charge du douloureux dossier des disparus ; celles ayant pour objet le renforcement de la cohésion nationale et la prise en charge des victimes, quelles qu’elles soient, de la tragédie nationale ; celles qui interdisent enfin toute velléité d’instrumentaliser la religion dans des desseins politiques.

On reconnaît là l’humble majesté, la modeste grandeur d’une nation qu’ont forgée de terribles épreuves tout au long des siècles et qui, à chaque fois, en est sortie plus forte encore et plus généreuse.

C. K. (*) Ministre de l’Energie et des Mines.

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