Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zighcult
30 septembre 2005

Référendum: résultats, réactions

Les électeurs algériens ont voté à 97,36% en faveur du "oui" au référendum de jeudi sur le projet de charte présidentielle pour "la paix et la réconciliation nationale", a annoncé vendredi le ministre algérien de l'Intérieur, Yazid Zerhouni.

Le 'non" a obtenu 2,64% de voix, a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse à Alger. Le taux de participation s'est élevé à 79,76 %, a précisé le ministre.

Au total, 18.313.000 électeurs étaient appelés à se prononcer sur un projet de charte présidentielle "pour la paix et la réconciliation nationale", censée mettre fin à la crise et aux violences politiques qui ont fait depuis 1992 plus de 150.000 morts et des milliers de disparus.


Les deux principaux partis d'opposition, le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), fortement implantés en Kabylie, avaient appelé au boycottage de la consultation.

Selon le président Abdelaziz Bouteflika, la charte, constituant une suite logique au référendum sur la "concorde civile" de 1999 qui a entraîné la reddition de milliers d'islamistes armés, permettra de conforter la paix pour assurer le développement économique et social du pays.

Le conflit armé en Algérie avait commencé début 1992, après l'annulation par les autorités du second tour des élections législatives, le premier tour ayant été largement remporté en décembre 1991 par le Front islamique du salut (FIS), dissous par la suite.

La charte prévoit l'extinction des poursuites judiciaires à l'encontre de "tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession". Ceux qui sont "impliqués dans des massacres collectifs, des viols ou des attentats à l'explosif dans des lieux publics" en sont exclus. Elle interdit toute activité politique aux ex-responsables du FIS, rendus responsables de "la tragédie nationale", et prévoit d'indemniser les "victimes du terrorisme", familles de terroristes et de disparus, arrêtés par les services de sécurité et disparus depuis.

La plupart des partis d'opposition et des mouvements de défense des droits de l'Homme rejetaient l'initiative présidentielle, estimant que, sous couvert de pardon, elle permettrait au pouvoir de blanchir les forces de sécurité impliquées dans la disparition, essentiellement entre 1992 et 1998, de milliers de personnes soupçonnées de soutenir les groupes armés islamistes.

Les familles des disparus - au nombre de 6.146 selon une commission officielle, quelque 18.000 selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH, indépendante)- refusent l'approche officielle et demandent "vérité et justice", avant un éventuel pardon.


Très faible participation à Tizi Ouzzou et Béjaia (Kabylie)

La participation au référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale était très faible à 10 heures (9h00 GMT) à Tizi Ouzou et Bejaia, villes de Kabylie, où le pourcentage était inférieur à 2 pour cent, contre un peu plus de 17 pour cent, au niveau national.
Le Front des forces socialistes (FFS) et le rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), partis principalement implantés en Kabylie, avaient, rappelle-t-on, appelé au boycott de ce scrutin, alors que le mouvement citoyen kabyle des Arouch avait appelé à une grève générale.
L'appel du mouvement des Arouch, qui montrait une certaine adhésion au projet au départ, est justifié par l'hostilité affichée par le président Bouteflika à Constantine (est du pays) à l'officialisation de la langue Amazigh, qui avait fait l'objet d'un accord entre le mouvement des Arouch et le chef de gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia.
Les autorités algériennes tablent sur un taux de participation de plus de 80 pour cent.


Les partis laïcs et démocratiques algériens ont vivement dénoncé le "verrouillage" de la campagne pour le référendum sur la "charte pour la paix et la réconciliation", affirmant avoir été empêchés d'expliquer les raisons de leur opposition à cette initiative.

"La campagne référendaire est à sens unique, les contradicteurs sont interdits d'expression quand ils ne sont pas arrêtés et poursuivis", a déclaré Hocine Aït Ahmed, le plus connu des opposants algériens.

Son parti, le Front des Forces Socialistes (FFS), a appelé au boycottage de la consultation, convoquée par le président Abdelaziz Bouteflika et censée mettre un terme à la crise et aux violences politiques qui ont fait depuis 1992 plus de 150.000 morts et des milliers de disparus.

Saïd Sadi, dirigeant du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition laïque), appelant également au boycottage, a de son côté dénoncé une "dérive totalitaire", faisant que "les partis de l'opposition sont absents sur les ondes de la télévision et de la radio", contrôlées par l'Etat.

La charte prévoit notamment "l'extinction des poursuites judiciaires" pour les islamistes armés "qui ont déjà mis fin à leurs activités armées et se sont rendus aux autorités", à l'exception de ceux "impliqués dans des massacres collectifs, des viols ou des attentats à l'explosif dans des lieux publics".

Elle comprend des mesures interdisant d'activité politique les ex-dirigeants islamistes à l'origine des violences en Algérie et des mesures en faveur des familles de disparus ou éprouvées par le terrorisme. Elle rejette également "toute allégation visant à faire endosser par l'Etat la responsabilité" de la disparition, essentiellement entre 1992 et 1998, de milliers de personnes soupçonnées de soutenir les groupes armés islamistes.

Tout comme les organisations de défense des droits de l'Homme et les associations regroupant les familles de disparus, les partis d'opposition condamnent cette disposition, car ils y voient un moyen permettant au pouvoir de "dédouaner" de leurs abus et exactions les forces de sécurité.

L'opposition rejette par ailleurs l'initiative de M. Bouteflika car elle mettra en place, selon elle, des conditions favorables à un renforcement de ses pouvoirs, grâce à la clause de la charte stipulant que "le peuple algérien mandate le président de la République pour prendre toutes les mesures visant à en concrétiser les dispositions".

Selon Aït Ahmed, la consultation vise à "préparer une révision constitutionnelle indispensable pour permettre un troisième mandat au président Abdelaziz Bouteflika", élu en 1999 et réélu en avril 2004 pour 5 ans. La Constitution algérienne, adoptée en 1995, limite à deux le nombre de mandats du chef de l'Etat.

La charte "est un brouillon de la future Constitution par laquelle le chef de l'Etat veut s'introniser président à vie", a de son côté déclaré Saïd Sadi. "Le régime met la paix dans sa vitrine et se prépare à consacrer un despotisme absolu dans son arrière boutique. Ceux qui connaissent l'Algérie savent que c'est là que se prennent les décisions", a-t-il ajouté.

Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH, indépendante), Me Abdennour Ali-Yahia, a pour sa part estimé que "le chef de l'Etat pourra tout faire par décret, annuler toutes les libertés grâce à cette charte par laquelle le peuple le mandate".


Les Etats-Unis ont salué jeudi le référendum organisé en Algérie sur un projet de charte présidentielle "pour la paix et la réconciliation", notant cependant qu'ils auraient préféré une consultation populaire plus large sur la réconciliation elle-même.

"A notre avis, il aurait été important que tous les points de vue sur la question vitale de la réconciliation s'expriment publiquement", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. "Mais nous respecterons la décision du peuple algérien qui sortira des urnes de ce référendum", a ajouté le porte-parole.

"Chaque pays doit trouver sa propre voie pour gérer ce genre de problèmes. C'est une voie particulière, et si le peuple algérien l'approuve, ce sera la meilleure pour l'Algérie", a-t-il conclu.

Les électeurs algériens se sont prononcés jeudi sur la charte "pour la paix et la réconciliation" présentée par le président Abdelaziz Bouteflika, et censée mettre fin à la crise et aux violences politiques qui ont fait depuis 1992 plus de 150.000 morts et des milliers de disparus.

La plupart des partis d'opposition et des mouvements de défense des droits de l'Homme ont rejeté cette charte, estimant que, sous couvert de pardon, elle permettra au pouvoir de blanchir les forces de sécurité impliquées dans la disparition, essentiellement entre 1992 et 1998, de milliers de personnes soupçonnées de soutenir les groupes armés islamistes.


Les quelques rescapés de la famille Chiroud, dont 48 membres ont été massacrés en 1997, se disent prêts à pardonner pour la paix mais ne peuvent oublier les souffrances endurées dans leur hameau en ruines de Chouardia, près de Médéa (80 km au sud d'Alger).

Debout, face aux amas de pierres et de terre de ce qui fut un petit village plein de vie, Salem Chiroud, la cinquantaine, la gorge étreinte par l'émotion, murmure d'une voix à peine audible: "Oublier, comment oublier tout cela", avant d'ajouter, en criant presque: "Impossible".

"Mais je veux bien pardonner, car je veux que ma famille puisse vivre dans la paix et la sécurité. Oui, s'il le faut, je n'ai pas d'autre choix que d'adhérer à la réconciliation" du président algérien Abdelaziz Bouteflika, ajoute-t-il.

Le frère de Salem, Ahmed, 40 ans environ, acquiesce: "On ne veut plus revivre ces années de terreur. On ne veut pas que nos enfants connaissent ce que nous avons enduré", affirme-t-il, "même si leur avenir nous inquiète", précise-t-il en montrant un groupe de gamins près d'une fontaine.

Ces enfants faméliques s'échinent à pousser des brouettes chargées de bidons d'eau. D'autres en portent au bout de leurs bras décharnés, remplis à un robinet crachotant une eau qui ne coule que quelques dizaines de minutes par jour, selon Ahmed.

Les enfants vont à l'école à Khemis ou Sidi Naamane, chef-lieu de commune, deux localités distantes de six kilomètres, souvent à pied, précise Omar, un neveu de Salem qui n'avait que 15 ans le jour du massacre.

"Nous sommes trois pères de famille a être revenus, il y a trois ans. Trois maisons sur la trentaine qui formaient ce hameau. Tous les autres sont morts, massacrés, mutilés. Les cinq ou six autres rescapés sont partis définitivement", affirme Salem en montrant une maisonnette fraîchement badigeonnée à la chaux, celle de son oncle lui aussi rentré.

Ahmed refuse d'évoquer cette nuit de terreur où Chouardia a été pratiquement anéantie. Salem hésite longuement avant de se décider. "C'était en mai 1997, la veille du Mouloud (NDLR: fête de la naissance du prophète de l'Islam Mohamed), en pleine nuit. Un groupe a fondu sur nous et a commencé à tuer systématiquement tout être vivant, sans pitié, au couteau, à la hache, par balles contre ceux qui fuyaient", se rappelle Salem.

"Nous étions cinq frères à avoir des armes, mais nous n'avons rien pu faire contre des hommes mieux armés et plus nombreux. On a dû fuir avec nos familles pour sauver nos vies", précise-t-il.

Comme pour se justifier, il montre au loin, par delà la mosquée occupée par la garde communale, le minuscule hameau d'Ouled Larbi où 24 personnes ont été tuées quelques semaines après le massacre de Chouardia.

Loin des côteaux de vigne et des immenses pommeraies de Médéa, le sol de Chouardia, à une cinquantaine de kilomètres de cette ville, rocailleux et battu par les vents, a été reconquis par les ronces qui écorchent les mollets des enfants sur le chemin de l'école.

Perchés tout en haut des collines, les guérites des gardes communaux et les petits blindés sur roues des gendarmes postés à certains carrefours rappellent aux voyageurs qu'il ne fait toujours pas bon s'attarder sur ces routes, une fois la nuit tombée.

Publicité
Commentaires
Publicité
Albums Photos
Publicité