Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zighcult
30 septembre 2005

Référendum (suite réactions et articles)

Le référendum sur la réconciliation nationale en Algérie était destiné à "faire cesser l'effusion de sang et rétablir la paix" dans un pays confronté depuis 1992 aux violences des groupes armés islamistes qui ont fait 150.000 morts, selon un bilan officiel.

-- 1992 --

- 12 jan: Le second tour des élections législatives est annulé, au lendemain de la démission forcée du président Chadli Bendjedid. Le Front islamique du salut (FIS), qui avait remporté en décembre 1991 une large victoire au premier tour des législatives, premières élections pluralistes depuis l'indépendance en 1962, crie au "coup d'Etat de la junte militaire".

- 14 jan: Création du Haut comité d'Etat (HCE), présidé par Mohammed Boudiaf, qui instaure l'état d'urgence en février (toujours en vigueur).

- 4 mars: Dissolution du FIS. La violence s'amplifie.

- 29 juin: Assassinat du président Boudiaf par un garde du corps, dans des circonstances mal éclaircies.

- 15 juil: Le président du FIS, Abassi Madani, et le vice-président Ali Belhadj, emprisonnés depuis 1991, sont condamnés à 12 ans de prison.

-- 1994 --

- 30 jan: Liamine Zéroual devient chef de l'Etat.

- 24 déc: Détournement par le Groupe islamique armé (GIA) d'un Airbus d'Air France vers Marseille (sud de la France): 3 passagers et les quatre terroristes tués.

-- 1995 --

- 30 jan: Attentat à la voiture piégée devant le commissariat central d'Alger: 42 morts, 286 blessés.

- Juil-oct: Le GIA lance une sanglante campagne d'attentats en France (10 morts, 200 blessés).

-- 1996 --

- 27 mars: Sept moines français sont enlevés à Tibéhirine, au sud d'Alger. Leur assassinat est revendiqué en mai par le GIA.

- 28 nov: Adoption par référendum d'une nouvelle Constitution renforçant les pouvoirs du président et interdisant les partis religieux.

-- 1997 --

- Entre avril et janvier 1998, plusieurs massacres de masse sont perpétrés contre des civils aux portes d'Alger puis dans l'ouest du pays. Ils sont revendiqués par le GIA.

--1999--

- 15 avr: Victoire contestée par l'opposition d'Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle. Il sera réélu à la tête de l'Etat en avril 2004.

- 6 juin: L'Armée islamique du salut (AIS, branche armée du FIS), en trêve depuis octobre 1997, dépose les armes.

- 13 juil: Promulgation de la loi sur la "concorde civile", prévoyant une amnistie partielle des islamistes armés. Elle est approuvée le 16 septembre par référendum (98,63%).

- Novembre: les violences reprennent en intensité après une relative accalmie en début d'année.

-- 2000 --

- 13 jan: Fin du délai accordé aux groupes islamistes armés pour se rendre. Le GIA et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), créé en 1998 par un dissident du GIA, Hassan Hattab, et affilié au groupe Al-Qaïda, rejettent la main tendue de M. Bouteflika.

- Décembre: La violence, continue tout au long de l'année avec plus de 200 morts par mois, s'intensifie pendant le ramadan.

-- 2001 --

Au moins 1.900 personnes, dont près de 600 islamistes armés, sont tuées pendant l'année dans les violences, marquée également par des émeutes en Kabylie, déclenchées en avril par la mort d'un lycéen dans une gendarmerie près de Tizi-Ouzou. La révolte, qui dure trois mois, est violement réprimée: 126 morts.

-- 2002 --

- 8 fév: le chef du GIA Antar Zouabri est tué par les forces de sécurité dans le sud d'Alger.

Environ 1.400 tués au cours de l'année dans les violences.

-- 2003 --

- fév-août: 32 touristes européens sont pris en otage pendant plusieurs mois dans le désert algérien, puis malien, par le numéro 2 du GSPC, "Abderrezak le Para", qui sera arrêté et livré à l'Algérie par la Lybie en octobre 2004.

- Au second semestre, net recul de la violence avec moins de 250 morts, dû à l'affaiblissement et l'atomisation des groupes armés.

-- 2004 --

- 18 juin: Le chef du GSPC, Nabil Sahraoui, et quatre de ses adjoints sont tués par l'armée algérienne en Kabylie. Le groupe se réorganise rapidement.

-- 2005 --

- 4 jan: Les autorités annoncent "le démantèlement quasi-total" du GIA. Un seul groupe armé reste encore en activité, le GSPC, qui rejette toute politique de réconciliation et continue de faire des victimes.

- 7 avr: Le président Bouteflika affirme que la sécurité a été "largement rétablie".

- 14 août: Le chef de l'Etat annonce un référendum sur "un projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale" offrant le pardon "à ceux qui se sont trompés de chemin", hormis les personnes "impliquées dans les massacres collectifs, les viols et les attentats à l'explosif dans les lieux publics".


En Kabylie, région frondeuse et durement éprouvée par les violences des islamistes armés, le projet présidentiel de réconciliation nationale suscite l'hostilité, notamment des "patriotes", civils armés par l'Etat, et des familles des victimes.

"Je ne pardonnerai jamais", affirme d'une voix rageuse Mahfoud Haroun, dont le fils a été assassiné début juillet par un groupe islamiste sur la route reliant Boghni à Tizi Ouzou (110 km à l'est d'Alger). "Comment pourrais-je pardonner à ceux qui ont froidement égorgé mon fils au seul motif qu'il était militaire", dit-il, le visage assombri par une barbe fournie qu'il laisse pousser en signe de deuil, après la mort de son fils Amar, 21 ans, un appelé du service militaire.

"Je ne voterai pas. Le président promet le pardon aux terroristes, je ne suis pas d'accord. Tout terroriste qui se rend doit répondre de ses actes", affirme Mahfoud, sous le regard de son autre fils, Mohamed Saïd, 17 ans, qui fond en larmes à l'évocation de son frère.

"Je ne comprends pas. Mon fils était très pieux. Ces terroristes disent qu'ils combattent pour la religion. Pour moi, ce sont de véritables ennemis d'Allah", lance-t-il, la gorge nouée par l'émotion, avant de se diriger vers la mosquée de Mechtras pour accomplir sa prière.

Trois autres personnes, dont deux militaires, avaient été assassinées en même temps que Amar par un groupe armé qui avait intercepté plusieurs véhicules sur cette route de montagne, théâtre d'attaques similaires et baptisée par les automobilistes le "tronçon de la mort".

Cet attentat a été attribué au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui rejette toute politique de réconciliation et dont des maquis sont implantés dans la dense forêt de Sid Ali Bounab, près de cette route sinueuse de plus de 30 km.

A Tassaft, à une quarantaine de km de là, Mustapha, la trentaine environ, chef des "patriotes" de la région, abonde dans le même sens, affirmant "être totalement opposé au projet du président", dont le but, selon lui, est "d'absoudre les terroristes de leurs crimes".

"Tous les terroristes doivent payer. Or le projet du président leur assure l'impunité. C'est une insulte à toutes les victimes du terrorisme", s'écrie Mustapha, exhibant fièrement une photo du célèbre chanteur kabyle Lounès Matoub, assassiné en 1998 par des terroristes.

"C'est moi-même qui ait pris cette photo, lorsque les éléments de mon groupe assuraient la sécurité du chanteur, dont deux ont été assassinés en 1996 par des terroristes déguisés en gendarmes", indique Mustapha qui a pris les armes en 1993 et dirige depuis 1997 un groupe de quelque 80 "patriotes".

C'est dans cette région que s'était implanté le premiers maquis du Groupe islamique armé (GIA), dirigé par l'émir (chef) Arezki Aït Ziane, rendu célèbre après avoir organisé l'enlèvement, en septembre 1994, à Takhoukht, tout près de Tassaft, de Matoub, qui avait été libéré après deux semaines de détention.

"Depuis l'annonce de cette charte, les terroristes multiplient les faux barrages, confisquant argent et tout autre objet de valeur aux automobilistes", fulmine Farid, un "patriote" du groupe dirigé par Mustapha. "Ils veulent sans doute ramasser le maximum d'argent avant le 29 septembre. Ils doivent savoir qu'après, ils peuvent se rendre sans aucun risque", ajoute-t-il dans un mélange de colère et d'ironie.

Dans les villages perchés en haut des collines, face à Lalla Khadidja, le point culminant de la montagne du Djurdjura, le référendum ne semble pas susciter l'engouement des habitants.

"De toute façon, ici, c'est le FFS et le RCD qui décident", lance à la cantonnade un jeune assis sur le perron de la mairie de Yattafen, près de Tassaft, où seule une affichette officielle évoque le référendum. Le Front des forces socialistes et le Rassemblement pour la culture et la démocratie, les deux partis les mieux implantés en Kabylie, ont appelé au boycottage du référendum.


Les habitants du "triangle de la mort", une région située près d'Alger ayant été durement éprouvée par plus de dix années de terreur, aspiraient plus que jamais, jeudi, jour de vote en Algérie, à vivre dans la paix et la sécurité.

Mais ils ne se sont guère bousculés aux bureaux de vote du référendum "pour la paix et la réconciliation nationale" convoqué par le président Abdelaziz Bouteflika pour mettre fin à plus d'une décennie de violence ayant fait au moins 150.000 morts.

A Bentalha, où environ 500 personnes ont été tuées en un seul jour par des islamistes armés en septembre 1997, dans l'un des plus sanglants massacres qu'ait connu le pays, l'école est vide. Les agents chargés du vote déambulent dans les couloirs, ne cachant pas leur ennui.

"A midi, seuls quelque 200 personnes ont voté, sur les 7.000 inscrits dans ce centre de Bentalha", lance d'un air las un des responsables du scrutin.

Un groupe de jeunes, entre 20 et 22 ans, venus en curieux, affirment de pas vouloir voter pour un scrutin dont ils disent de pas connaître les motifs.

"Pourquoi voter?", lance l'un d'eux d'un air de défi. "Qu'est-ce qui va changer pour nous?", crie un autre, "Nous serons toujours les perdants et eux (les autorités) les gagnants", renchérit un troisième, caché au milieu du groupe.

Prié de s'expliquer, il lance: "Rien n'a changé pour nous. Toujours le chômage, la misère. Ils (les autorités) ne se rappellent de nous qu'à l'occasion des votes, hormis cela, loin des yeux, loin du coeur", accuse-t-il.

Au détour d'une route en piteux état, à flanc de colline, Sidi Hammed ressemble à un gros bourg endormi. Pas de voitures, pas de passants, sauf aux abords d'une petite école pimpante en préfabriqué gardée par un gendarme et trois gardes communaux débonnaires.

Arezki, le responsable du centre, estime le taux de participation vers 14H00 (13H00 GMT) à "environ 25%". "Pas terrible", reconnait-il.

"Dans cette région, on vote l'après-midi. C'est une région agricole, les gens travaillent le matin, les femmes sont occupées aux tâches ménagères", assure-t-il.

Non loin de là, Ouled Allal, localité qui servait de repaire aux terroristes islamistes et qui a été rasée par l'armée en 1997, offre un spectacle de désolation avec une étendue de gravats, de monceaux de terre et de débris de béton.

Mustapha Zinaï, 65 ans, contemple ce qui reste de sa "villa de deux étages": un terrain vague envahi par les herbes folles qu'il s'évertue à vouloir brûler "pour dégager le terrain", explique-t-il.

"Voter, pourquoi voter!", crie-t-il, semblant difficilement supporter cette idée. "Voyez ce qui reste de ma maison. C'est le pouvoir qui a fait ça. L'armée a tout démoli avec ses tanks au motif que les terroristes avaient miné les maisons et s'y cachaient".

"Je ne comprends pas, pourquoi ne nous laisse-t-on revenir chez nous? Je loue une maison à Bou Ismaïl (à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Alger), alors que la terre de mon grand-père est là, en friche. Pour cela, je ne voterai pas", crie-t-il, tout en montrant une carte d'électeur dépassant de la poche de sa chemise.

Sur la route entre Larbâa et Meftah, en passant par Bentalha, Sidi Hammed, Sidi Moussa, des villages du "triangle de la mort" ayant vécu la terreur des "années de feu", de 1992 à 1998, les platanes centenaires, coupés pour éviter les embuscades, ont repoussé avec encore plus de vigueur.

Des bougainvillers, des jasmins sont repartis à l'assaut des murs lézardés de maisons en ruines leur donnant presque leur aspect coquet d'antan dans cette Mitidja meurtrie où le temps a commencé à faire son oeuvre, effaçant les stigmates de la peur.


L'Algérie est confrontée depuis plus d'une décennie aux violences des groupes armés islamistes qui ont fait 150.000 morts, selon un bilan officiel.

Malgré un net recul de la violence depuis l'été 2003, les attentats, imputés au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), le seul mouvement structuré ayant encore une capacité de nuisance, après la déroute du Groupe islamique armé (GIA), continuent de faire des victimes.

- SITUATION GEOGRAPHIQUE: L'Algérie est le pays le plus étendu du Maghreb (2.381.741 km2).

- POPULATION: 32,4 millions d'habitants (Banque Mondiale, 2004).

- CAPITALE: Alger.

- LANGUES: arabe (officielle), tamazight (berbère, langue nationale) et français.

- RELIGION: Islam (religion d'Etat).

- HISTOIRE: L'Algérie est conquise par les Arabes et islamisée au VIIème siècle. Colonisée par la France en 1830 après trois siècles de domination turque, elle conquiert son indépendance en 1962. Ahmed Ben Bella devient président de la République en 1963. Il est renversé le 19 juin 1965 par le colonel Houari Boumedienne, qui reste au pouvoir jusqu'à son décès en décembre 1978.

Le colonel Chadli Bendjedid, élu à la présidence en février 1979, est forcé de démissionner le 11 janvier 1992. Il est remplacé par le Haut Comité d'Etat (HCE, présidence collégiale de cinq membres) dirigé par Mohammed Boudiaf, assassiné en juin 1992, puis par Ali Kafi.

L'annulation, en janvier 1992, du deuxième tour des élections législatives, après la victoire au premier tour du Front Islamique du Salut (FIS, dissous), déclenche les premiers affrontements entre groupes islamistes et forces de sécurité. La violence s'intensifie rapidement: voitures piégées en pleine ville, massacres de villages entiers ou sur les routes.

Le 11 septembre 1998, le président Liamine Zéroual annonce qu'il écourte son mandat. Abdelaziz Bouteflika est élu le 15 avril 1999. Le 13 juillet, il promulgue la loi sur la "concorde civile", prévoyant une amnistie partielle des islamistes armés et plébiscitée par référendum le 16 septembre 1999. Il est réélu pour un second quinquennat le 8 avril 2004.

- INSTITUTIONS POLITIQUES: République algérienne démocratique et populaire.

La Constitution de 1996 interdit la création de partis sur une base religieuse et renforce les pouvoirs du Président.

L'Assemblée nationale algérienne, élue en mai 2002, est dominée par le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) qui dispose de la majorité absolue, devançant le Rassemblement National Démocratique (RND). Arrivent ensuite les islamistes du Mouvement de la Réforme Nationale (MRN) et du Mouvement de la Société de la Paix (MSP, ex-Hamas).

- ECONOMIE: Sous la férule du Fonds monétaire international (FMI), l'Algérie a engagé, dès 1994, une libéralisation de son économie étatisée, privatisé des sociétés d'Etat et licencié des dizaines de milliers de salariés. Le taux de chômage officiel est de 17,7% (fin 2004).

L'économie dite "parallèle", que le gouvernement semble impuissant à juguler et qui s'est installée solidement à la faveur des violences des groupes armés, saigne le pays.

+ Ressources: Les exportations d'hydrocarbures représentent plus de 96% des recettes en devises de l'Algérie (32,5 mds de dollars en 2004).

L'Algérie, dont la production pétrolière est de 1,3 million de barils/jour (mbj), a produit 144,3 milliards de m3 de gaz naturel en 2004.

Autres ressources: agriculture (dattes, vin, agrumes) et élevage.

+ CROISSANCE: Pour la cinquième année consécutive, l'Algérie a enregistré en 2004 une croissance positive, estimée à 5,2% (chiffres officiels).

Revenus par habitant: 2.280 dollars en 2004 (BM)

+ DETTE EXTERIEURE: 21,4 milliards de dollars au 31 décembre 2004 (officiel).

- FORCES ARMEES: 127.500 hommes: terre (110.000 h, six régions militaires), marine (7.500 h, quatre bases: Mers El-Kébir, Alger, Annaba, Jijel), air (10.000 h).

- FORCES PARAMILITAIRES: 181.200: Gendarmerie (60.000), Forces nationales de sécurité (20.000), Gardes républicains (1.200), Forces d'autodéfense (environ 100.000) (Institut international des études stratégiques, IISS 2004/2005).


Publicité
Commentaires
Publicité
Albums Photos
Publicité