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Zighcult
16 octobre 2005

Le Tidikelt

IN SALAH

Comme le suggère son nom en Tamachek, le Tadmaït ressemble bien à la paume d’une main tendue et plate. C’est un plateau calcaire, évidemment inculte et d’une monotonie mortelle. Ses rebords, ravinés par une corniche audacieuse, plongent dans la fournaise d’une dépression sableuse qui abrite des villages typiquement sahariens. Le désert vrai commence à In Salah et sa région le Tidikelt.

In Salah fait partie de ces oasis, de ces nefs sahariennes qui naviguent à vue, entre l’enfer des vents de sable et la géhenne de l’été, une saison où le mercure descend rarement au-dessous de 50°.

Mais cette ville est également un paradis, couleur de miel fondu sur des jardins en vert, bruissant de sources murmurantes. Elle est pleinement le fait des hommes, le fait de leur courage !

Les montagnes de sable, qui enveloppent la ville, imposent une bichromie discrète à cet ensemble, que les hommes par mimétisme ou par considération, ont repris à leur compte, en créant d’autres nuances, d’autres tons identiques et respectueux, car les différences brutales relèvent ici de la rébellion.

Le bruit même n’est pas toléré, sauf pour le vent quand il se lève en rageant sur toute la région. Lui, a pour allié la vastitude du désert. Le sable s’incorpore à l’homme qui subit par la bouche, par les narines et par chaque interstice de sa demeure, une violence injuste sourdement acceptée.

Quand vient l’été, on se barricade derrière la résignation. Chaque flaque d’ombre, dûment organisée contre le soleil en feu, devient un lieu de ralliement possible. Chaque arbre, chaque mur est un partenaire muet mais résolument fidèle.

Dès que la furie des éléments cesse, hommes et femmes de In Salah, patientes abeilles des sables, reconstruisent leur nid en plus vert, en plus beau mais toujours éphémère. Un air de révolte joyeuse s’engouffre dans l’oasis. In Salah est en pleine mutinerie !

On reconstruit les afrags* en palmes, pour barrer la route au vent et protéger les jardins, avec leurs trésors de fruits arrachés de haute lutte, comme des butins de guerre. On nettoie les Foggaras comme on nettoie des fusils ; puis, sur les faîtes des palmiers on prend d’assaut son dû en dattes, chacun selon sa fortune.

En fin de saison, on danse et on rit d’une revanche si facile. Les mariages, groupés par vagues successives, durent pendant des semaines.

La paix revient en douceur sur la ville repue de joie. Puis, brusquement, brutalement, l'éternel cauchemar recommence. La chaleur épaisse redouble d’intensité, transformant la ville fantôme en fournaise étouffante. Le cycle infernal est inévitable. Les gens se murent chez eux en espérant des jours meilleurs.

En attendant les saisons clémentes, les jeunes filles à marier, passent leur temps à faire et à refaire l’inventaire du Tbak*. Comme dans tout le Tidikelt, dans le Touat, et le Gourrara, elles mettent en tête de liste, la plus importante des exigences : un climatiseur.

Itinéraire
In Salah se trouve à quelques 1200 km au sud d'Alger et à 600 km environ, au nord de Tamanrasset, sur une route qui va de Reggane à Agostène, entre le plateau du Tadmaït au Nord, à la lisière du Tidikelt au Sud.

L'oasis est située à 27°11' de latitude Nord et à 2°28' de longitude Est.

Cette ville, où il ne pleut presque jamais, se trouve curieusement à la même latitude qu'une localité de l'Inde : Cherrapunji, l'une des stations les plus arrosées de la planète avec ses 10.000 millimètres de précipitations par an !

A 6 ou 7 km de Reganne, la route qui commence par Taourirt, (terme signifiant village en langue berbère) remonte légèrement vers le Nord-Est, à 0°27' de latitude et s'infléchie en un arc de cercle rejoignant dans un décor de sable et de pierrailles, Timoktene à 102 km.

Pas très loin du village, Ech Cherfa, à gauche de la route, fait face un autre bourg saharien, El Arab.

Aujourd'hui, par une route goudronnée, on passe directement à Aoulef, à une cinquantaine de km avant d'arriver à Tit, assez décalée sur la droite.

Dans la région de Tit, on peut trouver des troncs de bois pétrifié, ce qui prouve bien l'existence de forêts sub-tropicales ou /et de forêts à climat humide durant le crétacé (150 millions d'années) ou au paléozoïque (270 millions d'années), c'est à dire la période ou les conifères dominèrent la flore terrestre.

A une cinquantaine de Km de là, Aïn El Ghar, une oasis aux maisons basses couleur de sable, en permanence battue par le vent, semble lutter à sa manière, en s'aplatissant et en aérant ses venelles dans le prolongement du courant. Toutes les rues des villages dans le désert sont conçues ainsi, soit comme des espaces de circulation hermétiques, ayant parfois des toits comme des couloirs internes d'habitation, soit comme des espaces ouverts dans la direction du vent, permettant de la sorte l'évacuation du sable. Un mur trop haut, en travers des mouvements de l'air accumulerait immanquablement le sable créant une masse pesante et menaçante pour la maison.

Un manquement à cette règle (s'ouvrir au vent pour éviter l'accumulation par un obstacle) ensablerait tout le village, comme c'est souvent le cas aujourd'hui.

33 km plus loin, l'ancienne piste caravanière, légèrement plus au Nord, rejoint la route et après 56 km on débouche à El Barka. In Salah n'est plus qu'à sept Km.

Après In Salah, l'ancienne piste caravanière menant à Ouargla, la capitale de l'or et la métropole du commerce au 14ième siècle n'est plus utilisée.

La piste traversait la partie occidentale du plateau du Tadmaït par Ain Aguelmane, une ancienne guelta, comme son nom l'indique. Elle longeait l'oued Mya à travers les Gassi, sorte d'espaces plats et durs entre les dunes qui permettait d'éviter de circuler sur les Ergs.

Quant à la route actuelle, elle conduit, sans encombre à El Goléa et Ghardaïa au Nord d'In Salah.

Au Sud, cette même route joint le Tidikelt au Hoggar par une série de villages sahariens comme Tadjmount, Arak et In Iker.


Source Averroes Interactive Inc http://www.ifrance.com/averroes-institut

et http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=420

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