"TIPAZA-SITE HISTORIQUE EN PERIL/ SOS patrimoine en danger"

Par M’hamed H. El Watan du 14/02/2004.

« Certains jeunes du chef-lieu de la wilaya de Tipaza, un cas rarissime, ont tenu à exprimer leur hantise de voir ces engins causer encore plus de dégâts, à la sortie ouest de la ville de Tipaza. Selon nos jeunes interlocuteurs, en face du complexe touristique Matarès, des vestiges appartenant aux anciennes civilisations sont sur le point de disparaître à cause des travaux d’élargissement de la route nationale.
Il s’agit de l’extension de la nécropole occidentale du vallon Matarès. Des indices, selon ces jeunes frustrés, qui laissent supposer qu’il y avait des chambres, des bassins, des conduites d’eau. Au niveau de cet espace, les fouilles n’ont jamais été effectuées, car naturellement il faisait partie de la zone tampon du site de Tipaza, classé patrimoine archéologique mondial par l’Unesco en 1982.

Préservation ou destruction
A l’est de la ville de Tipaza, un regard pour les eaux pluviales a été érigé, après avoir détruit une superficie qui a été longtemps protégée. Contactée par nos soins, pour lui faire part des inquiétudes de ces jeunes, la Circonscription archéologique de Tipaza (CAT) affirme une fois de plus, que le site de Tipaza est classé patrimoine mondial en péril depuis 2002. Il relève, selon notre interlocutrice, des pouvoirs publics d’imposer des mesures de sauvegarde ou la destruction de ce patrimoine. La législation est claire à ce sujet. L’Algérie a ratifié les convention internationales, il s’agit de les respecter seulement. Elle cite au passage la loi n°98-04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel, le décret exécutif n°2001-104 du 23 avril 2001 et le décret exécutif n°2003-322 du 5 octobre 2003, relatifs respectivement au fonctionnement de la commission nationale et de la commission de wilaya des biens culturels, d’une part, et, d’autre part, à la maîtrise d’œuvre relative aux biens culturels immobiliés protégés. La circonscription archéologique de Tipaza, en raison de l’hostilité de l’environnement, est réduite à constater les destructions du patrimoine archéologique impuissante et les atteintes à ce patrimoine, en saisissant les autorités locales et centrales. Le directeur de la culture de la wilaya de Tipaza, archéologue de formation, contacté par nos soins à ce sujet, affirme : «Je n’ai pas vu un épandage de céramique qui prouve qu’il y a une présence de vestiges sur le site en question. Ces éléments archéologiques que vous venez de soulever n’existent pas sur le terrain. En ce qui me concerne, j’agis en qualité de professionnel. Les dossiers doivent être classés avec des éléments consistants, des cartes de faisabilité avec des fonds des données scientifiques. Les personnes ont travaillé en amateur.» Le débat est engagé en vase clos. Depuis la création de la wilaya de Tipaza, en 1984, bien après le classement du site de Tipaza par l’Unesco, les vestiges archéologiques ne cessent de faire l’objet de dégradations et même de dispositions. Les autorités locales, laxistes en matière de politique de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine archéologique et culturel, progressent à leur rythme. Chaque partie s’enferme dans ses arguments. Les dégâts n’en finissent pas à Tipaza ».

Après cet article, le saccage s'est poursuivi à l'ouest par la destruction d'une partie de la nécropole occidentale (vers Matarès). Quand le Pouvoir est roi!