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Zighcult
8 juin 2006

Ghardaïa. Préservation du patrimoine nationale

Pour une sauvegarde conséquente des sites classés

Si la reconstitution et la réhabilitation des sites historiques sont difficiles à réaliser, que doit-on dire de la sauvegarde ? C’est la question principale sur laquelle se sont articulés les débats durant la rencontre régionale sur les secteurs sauvegardés organisée à Ghardaïa, sous le haut patronage de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi.

Les deux journées d’étude portant sur le plan permanent de la sauvegarde des sites classés de la vallée du M’zab se sont clôturées dimanche matin. Organisée par l’Office de protection et de promotion de la vallée du M’zab, cette rencontre régionale, qui a réuni les représentants de douze wilayas, s’est orientée beaucoup plus par des ateliers de travail, et a pour objectif d’élaborer des textes d’application de la loi 98/04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel. A ce propos, les écrits ayant trait à l’histoire de la vallée du M’zab depuis un certain temps sont légion. Chaque année, en effet, ce sont des dizaines d’écrits qui se sont consacrés à ce patrimoine national et universel. La reconnaissance en juin 1971 de la vallée du M’zab comme patrimoine mondial par l’Unesco constituerait l’occasion rêvée pour susciter une nouvelle impulsion visant sa sauvegarde. Si la bataille pour sa reconnaissance fût par moment longue et difficile, elle est toutefois l’aboutissement des efforts consentis de tous ceux qui par leur action multiforme et leur volonté contribuèrent amplement à la reconnaissance de ce haut-lieu de notre patrimoine historique. Aujourd’hui, la question de sa sauvegarde semble quelque peu reléguée aux calandres grecques en raison de nombreuses contraintes, pour ne citer que les difficultés financières et l’absence d’un plan d’application des textes juridiques relatifs à la protection du patrimoine culturel. Quelles seraient en effet les raisons de cette stagnation inhérente à un réel décollage de l’opération pour une réelle sauvegarde ? Il est certain qu’on ne va pas redonner à la vallée du M’zab toutes ses caractéristiques du « dixième siècle », (date de sa création) mais il est possible tout au moins de la restaurer, sinon de la préserver en agissant sur l’héritage de nos aïeuls et limiter autant que faire se peut les dégradations subies depuis le recouvrement de notre souveraineté. Cela serait possible dans un premier temps en envisageant aussi, d’introduire des matériaux techniquement fiables qui seraient en mesure de résister aux effets des intempéries spécifiques du Sud. Puis, l’ensemble des associations représentatives de ses habitants ne doivent-elles pas se redéployer en vue de s’impliquer davantage dans cette opération de sauvegarde de leur patrimoine historique ? Sachant pertinemment que lorsqu’il s’agit pour chaque citoyen de procéder à l’entretien de sa maison, le danger de détruire l’originalité des structures anciennes est minime. Jusqu’à ce jour, de profonds désaccords persistent sur les modalités de sauvegarde parmi un grand nombre de spécialistes et certaines institutions de sauvegarde, arguant de l’absence des textes d’application de la loi sur le patrimoine historique. Il convient de noter, comme l’avait d’ailleurs souligné Mme Khalida Toumi, que la vallée du M’zab n’est pas cet ensemble de sites historiques réduits au statut de simples vestiges liés au passé, mais un ensemble vivant qui véhicule toute une histoire dont le reflet constitue les opérations profondes d’un peuple capable de transcender sa vision pour se tourner résolument vers un cadre de vie porteur d’espoir et lui offrant des perspectives plus encourageantes. Des spécialistes dans le domaine de la sauvegarde, à savoir des architectes, des urbanistes, des responsables de bureaux d’études et des experts du ministère de la Culture, se sont penchés sur ce délicat dossier lié à la sauvegarde. Un dossier qui demande, a priori, la participation effective de la société urbaine et de ses responsables, tels que les notables et le mouvement associatif de la communauté comme acteurs et partenaires associés. Durant la rencontre, les experts se sont donc référés à l’article 42 de la loi 98-04 où il est stipulé que « les secteurs sauvegardés sont créés et délimités par décret pris sur rapport conjoint des ministères de la Culture et de l’Environnement. Ils peuvent être proposés par les collectivités locales ou le mouvement associatif au ministère de la Culture. La création des secteurs sauvegardés intervient après avis de la commission des biens culturels ». Pour baliser les modalités d’application de sauvegarde et de mise en valeur, tous se sont accordés à dire que la question de sauvegarde du patrimoine, tout en état une grande mission technique, est aussi une mission de promotion et de réhabilitation d’un site, d’un monument ou d’une bâtisse. Le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur (PPSM) fixe de façon détaillée les actions et missions de protection, de restauration, de réhabilitation et de mise en valeur des secteurs suggérés. Plusieurs points ont été retenus dont la délimitation des zones pour lesquelles les actions et mesures doivent être entreprises, la détermination des règles concernant l’agencement des constructions y compris leur organisation dans l’espace, la création d’éléments permanents d’architecture, de construction et d’esthétique. De nombreux autres axes techniques ont été retenus. Dans la même optique, le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur serait un règlement d’urbanisme qui fixerait les conditions générales dans lesquelles doivent être assurées notamment la protection, la restauration, la réhabilitation et la mise en valeur. Cependant, une réunion de travail sera tenue prochainement au niveau du ministère de la Culture. Les concernés auront à trancher pour finaliser le texte. Un texte de loi qui sera soumis pour approbation avant fin 2006. Cela permettra aux institutions concernées et aux collectivités locales de bénéficier d’un programme de financement complémentaire avant la fin de l’année en cours. Les participants à cette rencontre ont arrêté d’autres points dont celui de la prise de conscience de l’action de sauvegarde d’une manière générale. L’office de protection et de promotion de la vallée du M’zab, à travers son directeur, Zoubir Balallou, déclare que « notre identité culturelle se forge au sein de l’environnement dans lequel nous évoluions. Tout comme les créations humaines s’inspirent de la beauté de la nature, certains sites naturels parmi les plus spectaculaires portent l’empreinte d’activités humaines millénaires. Tournons-nous vers l’avenir avec l’espoir et la volonté de sauvegarde notre patrimoine historique mondial afin qu’il continue d’émerveiller et d’inspirer les générations futures ».

Aïssa Hadj Daoud

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