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Zighcult
2 novembre 2006

Malika Ouahès: chants traditionnels kabyles

Reprenant à son avantage le fait que les poèmes kabyles "ne sont pas composés en vue de la récitation mais en vue d’êtres chantés"(1) , Malika OUAHES redonne ici la vie aux chants traditionnels, dans un registre lyrique comme l’avait fait en son temps la grande Taos AMROUCHE.

En effet, le brillant travail de Malika Ouahès s’inscrit de notre point de vue, dans la continuité de l’oeuvre précurseur de Taos Amrouche en ce sens qu’elle met en lumière des chants traditionnels, à la différence près que Malika a préféré la mélodie à la monodie. Ce qui, du coup, rend les chants plus accessibles aux oreilles non exercées aux différents registres du répertoire lyrique.

On trouve dans cet album tous les styles de chants rattachés aux différents évènements de la vie, car chez les kabyles, "tous les gestes de la vie, toutes les cérémonies sont soutenues par le chant" (2). "Il n’est pas une seule nuance qui ne puisse s’unir harmonieusement avec un vers, une phrase musicale" disait Taos.

A ce titre (3), on trouve :

* le style acueq (ou achoueq) auquel se rapportent les chants du foyer, les berceuses et les chants de l’exil par lequel d’ailleurs s’ouvre l’album "Ssiwed sslam". Le dernier titre est quant à lui, une très belle berceuse "Azuzen"
* le style ahiha, spécifique des chants du travail et de la meule. Le huitième morceau est généralement chanté lors de la cueillette des olives "La nleqqed azemmur".
* le style adekkar, pour les danses sacrées, les chants de processions ou les chants funèbres. Le troisième morceau, "Ihallalen", nous rappelle avec beaucoup de nostalgie les nuits de Ramadhan où, enfants, nous étions réveillés par les chants de groupes de jeunes (justement appelés ihallalen, du verbe ahallal qui veut dire "chanter à haute voix"), qui parcouraient les ruelles du village pour réveiller les jeûneurs, afin qu’ils prennent le dernier repas avant le lever du soleil.
* le style ammedah, pour les chants épiques ou de guerre, les chants satiriques, les grandes complaintes ainsi que pour les chants religieux. Le cinquième morceau (une complainte) est un petit chef d’oeuvre "Saεid U Laεmara".
* le style tibuγarine, pour les chants de noces ou d’évènements festifs tels que la circoncision. Les quatrième et dixième morceaux sont de très beaux chant de noces ("Bwiγ d lmesbeh" et "Yehma umendayer is" .

Nous espérons que Malika ne s’arrêtera pas là et qu’elle nous gratifiera d’autres albums de même facture. Elle ravira, nous en sommes sûrs, tous les mélomanes.


Références bibliographiques :

(1) Yvette Grimaud, attachée de recherches au CNRS Notice rédigée pour le disque Florilège de chants berbères de kabylie, Paris 1966

(2) Jean Amrouche, Chants berbères de Kabylie, Maxuala-Radès Tunis, Monomotapa, 1939

(3) Marguerite Taos Amrouche, Chants Berbères de Kabylie, Musique du Monde


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