Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zighcult
14 novembre 2006

VOYAGE AU COEUR DU TASSILI

Au sommet des cathédrales du désert

Tous les reportages réalisés jusque-là dans les différents supports médiatiques à propos des innombrables richesses que recèle le Tassili N’Ajjer ne suffisent pas pour décrire l’immensité de la tâche qui reste à accomplir. Le Tassili N’Ajjer, immense plateau aride situé à plus de 1000 m d’altitude, s’étend au centre du Sahara sur approximativement 60 km d’est en ouest et sur 800 km du nord au sud.

D’après plusieurs études établies par des archéologues et anthropologues, plus particulièrement sur l’art rupestre ainsi que les hommes qui l’ont façonné, aucune date précise n’a été établie afin de donner avec exactitude l’époque à laquelle cet art est né. Cette merveille, les peintures rupestres, en revanche, d’après des analyses effectuées sur place durant plusieurs années de suite, est classée en quatre périodes : celle des chasseurs (de 5000 à 2500 ans avant J.-C.) ; celle des pasteurs (3500 à 2000 ans avant J.-C.) ; celle des chevaux (de 2000 à 300 avant J.-C.) et celle des chameaux (de 300 avant J.-C. à 400 après J.-C). Toujours selon ces analyses, «ce type de peinture se développa au cours des millénaires et connut des styles divers. Les représentations les plus anciennes montrent des scènes de chasse, de danse et de prière. Les parois sur lesquelles sont représentés ces dessins rupestres ont conservé des évocations innombrables de l’existence paisible que menaient, il y a des milliers d’années, les habitants du Sahara.» à notre époque, la plupart de ces peintures rupestres ont été détériorées par les agents atmosphériques et humains et n’ont pu conserver leur aspect original. Les plateaux qui entourent le Hoggar portent le nom de Tassili des N’Ajjer «bombardés» de formations rocheuses fortement érodées, qui évoquent de loin le sommet d’une cathédrale ou les ruines d’une ville antique. Dans cet immense plateau tassilien, où le terme espace prend toute sa dimension, les marques de l’érosion fluviale sont très nombreuses et les réseaux de vallées témoignent de l’existence de climats plus humides dans le passé lointain. L’adaptation de la flore locale à la sécheresse qui dure des années se traduit par la taille réduite des arbres et des arbustes, qui ne possèdent que de petites feuilles ou d’épines, ce qui limite l’évaporation ; en contrepartie, les racines sont très développées.

Une météo pas très clémente
La moyenne de précipitation annuelle n’a aucune signification, car la variabilité est très grande. Les pluies sont le plus souvent fines dans le Sahara septentrional (Arctique nord), les pluies diluviennes y sont exceptionnelles, alors qu’elles sont plus fréquentes dans le Sahara central, où elles peuvent éventrer des maisons et transformer une palmeraie en bourbier. Plus redoutées que les pluies, les tempêtes de sable peuvent provoquer des catastrophes. Elles se produisent généralement lorsqu’une dépression atlantique se rapproche de l’Afrique du Nord. L’alizé sec qui souffle du nord-est se transforme alors en vent venant du sud, ce qui provoque une élévation de la température : le sirocco. La force du vent s’accroît, et un mur de sable, qui peut cacher le soleil, se forme à l’horizon. L’absence de nuage a pour conséquence une très forte insolation. Au Sahara, dans le Tassili plus particulièrement, on distingue deux types de population : les nomades et les sédentaires. Les conditions climatiques sont à l’origine de cette différenciation. Les nomades vivent essentiellement de l’élevage, de la chasse et de la cueillette, en revanche, les sédentaires sont liés à des lambeaux de sol irrigables à partir de sources, de puits ou de galeries de captage de certaines nappes phréatiques : les foggaras. Leurs lieux de préférence sont les lits d’oued, où leurs sols désertiques sont très fertilisés vu l’acheminement en surface ou en profondeur, d’où une certaine salinité qui résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures à la suite des précipitations. Le Tassili est un carrefour ethnique, où des populations de couleur se côtoient. à la race des Touaregs viennent «se superposer» les Berbères qui, selon différentes études ethniques, sont venus s’établir dans la région depuis l’Antiquité, puis les Arabes avec leurs langue et leur religion, qui ont contribué à l’«émancipation» de la région. Ce qui a été le plus édifiant durant notre périple tassilien, c’est la mobilité des nomades croisés durant notre séjour. Pour eux, le déplacement est une nécessité vitale pour subvenir aux besoins de leurs troupeaux   recherches de nourritures et de points d’eau. Leur migration obéit généralement à un rythme saisonnier. Durant l’été, ils s’installent dans le Tell et, en saison des pluies, c’est au cœur du Tassili qu’ils séjournent. En revanche, en ce qui concerne les semi-nomades, ils passent la majeur partie de l’année dans les oasis ou dans les lits d’oued afin de cultiver ce qu’ils ont semé, vu que les vastes étendues des terres disponibles sont totalement stériles, car l’humus n’y est pas suffisammant disponible.

De Djanet à Tin Merzouga
Première escale durant notre périple tassilien : le massif montagneux du Hoggar avec son complexe volcanique et son plus haut sommet, le Tahat et son fameux site l’Assekrem où se situe l’ermitage du père Charles Foucauld. Seconde étape : Djanet et son fabuleux plateau de Tassili des N’Ajjer avec le grand musée de peintures rupestres découvert par Henrie Lhote, l’oued Djaret vers Illizi et les innombrables gravures qu’il contient. Notre guide, qui avait l’air de maîtriser parfaitement son travail, étant lui-même propriétaire d’une agence de voyages, organise durant la haute saison des circuits avec des équipes d’encadrement : guides, chauffeurs, cuisiniers et chameliers, tous natifs des régions sahariennes. Le programme proposé aux touristes est varié : randonnées pédestres et chamelières, méharées, visites en véhicules tout-terrain des divers sites du désert... Dernière destination : Tadrart, aux conffins de la frontière algéro-libyenne où se situe la plus grande dune de Tin Merzouga et ses magnifiques couleurs de sable. Toutes ces destinations aussi magnifiques les unes que les autres ont été concoctées par l’agence Redjem Voyages, propriété de M. Bey Benmalek (Redjem signifie repères en tergui, qui sont représentés par des tas de pierres superposées en forme de cônes le long des pistes sahariennes pour indiquer une piste ou un point d’eau non loin). Pour M. Benmalek, son amour pour le Tassili a fait qu’il partage son plaisir afin de faire découvrir la beauté du désert algérien tout en prenant en ligne de compte sa fragilité face au nombre croissant des visiteurs vis-à-vis desquels l’espace désertique reste vulnérable. Il est de son devoir de sensibiliser l’ensemble de la population et des touristes pour préserver cet espace si prisé de toute détérioration. Le recrutement de bon nombre de personnes dans le domaine du tourisme saharien contribue au développement au sens large du terme.

Par Zahir B.

VOYAGE AU COEUR DU TASSILI (El Watan 02/07/07)

source

Publicité
Commentaires
Publicité
Albums Photos
Publicité