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Zighcult
18 novembre 2006

Poésie Touareg, Hawad (5)

« L’insoumission à l’autorité est un « coude rebelle », un « coude grinçant », qui tourne, change d’orientation, l’expression est utilisée par les amateurs médiévaux de langues arabe, comme l’explique Hélène Claudot-Hawad, cotraductrice (avec Hawad) de l’ouvrage et auteur de l’introduction :

« le foisonnement des formes que revêt le coude grinçant le dote d’un caractère insaisissable, inattendu et inventif. Ses crissements rêches surgissent à l’endroit où se resserrent les horizons, où s’étranglent les voix plurielles, où s’installe le règne de la pensée unique et du totalitarisme omnipotent. » Pour échapper à l’asphyxie du poète, qui fait éclater les mots, les projette sur les murs du silence complice, les malaxe et les rassemblent dans une spirale où la révolte des pauvres et le désir d’être, la liberté de dire et d’accuser sont omniprésents. Vigueur et beauté, souffle continu, parfois haletant, confidences, pensées emportées par un désir d’espace, arabesques rocailleuses, repos de l’attente, et larmes : humour sarcastique, pamphlétaire, chanson de geste rappelant troubadours, poètes et conteurs nomades d’Orient, Hawad représente tout cela et parle une langue universelle tout en plongeant dans les profondeurs de sa culture tamajaght (touareg).

A partir de l’extinction pensée et voulue des Touaregs, parqué dans des camps, sédentarisés de force, employés à figurer sur les dépliants touristiques, hommes bleus figés sur le dos du dromadaire, image immortalisée et mortelle d’une réalité transfigurée. Il fait entendre non seulement la voix des autres peuples nomades et des colonisés dans leurs propres pays, tels les Indiens du Chiapas, les Kurdes… mais aussi celle des victimes occidentales du capitalisme. Ses images portent la révolte amère et accusatrice des peuples condamnés à se fondre, à disparaître, tant est agressive la puissance génocidaire des conquérants modernes, maîtres du monde.

Hawad est touareg, fils d’un peuple jadis libre et sans frontières, connaisseur des astres, des déserts et porteur de la sagesse de celui qui passe et n’est propriétaire d’aucune terre portant sa marche. C’est pourquoi il peut établir des passerelles entre les déshérites de la planète :

[…] O camarades, compagnons/chômeurs d’Amérique et d’Europe ! Nous voici en renfort/Au sud de la souffrance/nous allons leur faire régurgiter Marrakech par le gosier.

[…] Voici la nouvelle solidarité/solidarité entre les coudes des mondes qui refusent de baliser et d’encadrer le champ de leur bourreau.

Ne quémandez pas votre pain. […]

Dans la vie, Hawad reste l’homme de ses livres. Il dit ses poèmes en tamajaght, et ne résonne plus alors que l’écho de sa voix à la fois âpre et vibrante. Une langue qui ondule et tournoie dans un flot de lucidités étranges. La traduction restitue le rythme en spirales dans lesquelles le lecteur s’engouffre, happé, harangué par l’histoire pour retomber dans une réalité brutalement crue avec son cortège de fureurs. »

Le coude grinçant de l’anarchie

(…) Dans sa marche
à l’avant garde de son rêve
il se dit à lui-même et le répète encore :

« Tête, pas de tête hormis celle saisie par la haute migraine,
tête consumée par son rêve
au point de prendre son rêve pour un rival. »

Alors pour briser les tympans
et brouiller son poids mort de tête,

Il hurle : « Et le cercle ?
C’est la fourmilière, oui, c’est elle,
acide et rouille qui ronge les cellules de la vue
avant même qu’elles se transforment
en foyers et en armées de termites
confortablement installés,
fourmilière-os et cartilage des articulations
prêchant le refus de la marche
loin des clôtures. »

Hawad - Le coude grinçant de l’anarchie - Edition Paris-Méditerranée 1998

Mis en ligne par Mirobir, le Dimanche 10 Juillet 2005, 02:03 dans la rubrique "Pour comprendre".

°°°000°°°

Lire, voir, écouter :

Canal U (V.O. Chaîne des langues)
Langue : Touareg
  Émission : Lectures

Poésie Touareg, Hawad

  Réalisation et montage : Bruno Bastard -

Interview : Christiane Fioupou -

Traduction : Hélène Claudot-Hawad   

  Synopsis 
   

  Héritier d’une culture nomade, Hawad, poète et peintre touareg, nous fait découvrir son oeuvre a travers deux poèmes qu'il nous lit et qu'il commente. Les poésies sont accompagnées de ses manuscrits qu'il rédige dans sa langue et qu’il transcrit en tifinagh, écriture touarègue.   

  Auteurs 
   

  HAWAD
Statut :Ecrivain et peintre

Adresse :
Aix-en-Provence


Parcours :
Dans l’oeuvre foisonnante de Hawad, s'entrecroisent divers genres graphiques et littéraires — poésie, geste épique, conte philosophique, théâtre — mettant en scène des mondes “infiniment en marche” qui se rencontrent, se métamorphosent, se recomposent pour continuer leur route. Le drame et la résistance du peuple touareg ou de tout peuple menacé d’extermination émaille l’univers de fiction de Hawad. Il accompagne ses textes de calligraphies originales — créées à partir des signes tifinagh — qui progressivement se sont muées en graphismes abstraits, “ furigraphie ” prolongeant sa philosophie de l'espace et de "l'égarement".

FIOUPOU Christiane
Statut :Professeur

Adresse :
Toulouse


Parcours :
Christiane Fioupou est professeur au Département des Etudes du Monde Anglophone de l'Université de Toulouse-Le Mirail. Elle a enseigné en Grande-Bretagne puis, pendant douze ans, au Département d'Anglais de l'Université de Ouagadougou, au Burkina Faso. Ses recherches portent sur les littératures d'Afrique de l'Ouest, principalement du Nigéria et du Ghana. Elle a publié, notamment, une monographie sur Wole Soyinka et un recueil de textes critiques, sous sa direction. Elle a co-traduit une pièce de Wole Soyinka, La route (Hatier, 1988) et sa traduction en édition bilingue du recueil Waiting Laughters/ Rires en attente, du poète nigérian Niyi Osundare, est sous presse aux Editions Présence Africaine.

CLAUDOT-HAWAD Hélène
Statut :Anthropologue et traductrice. Directrice de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, rattachée à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, Aix-en-Provence) où elle est responsable du Pôle de Recherches en Anthropologie Sociale du Maghreb et du Sahara.

Adresse :
Aix-en-Provence


Spécialités :
Ses travaux concernent principalement la société touarègue.

Particularites :
Elle a publié de nombreux articles et ouvrages ; elle a contribué également à la traduction (du touareg –tamajaght- au français) et à l’analyse de l’oeuvre littéraire de l'écrivain Hawad (14 ouvrages) ainsi que d’autres poètes touaregs contemporains.

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L'EMISSION (textes et vidéos)


Poésir d'embuscade-extrait ( page vidéo)
Traduit du touareg (tamajaght) par Hélène Claudot-Hawad

(vidéo)

Les airs et les sables
s'enduisent d'huile de coco
gélatine graisse fondue
haut-le-coeur
pour amadouer
les rayons du soleil.

Ô monde,
jusqu'à combien de rives,
âmes et corps
sens-tu le pet global
du tourisme ?

Là-bas comme ici
je vois la veuve Temoust,
Temoust la Touarègue,
elle dont la crevasse des yeux
ou la rocaille des pieds nus
sont nourris
des griffes du sirocco
et des dards du soleil.
L'ocre mat de l'épiderme
de ses enfants l'a cuirassée
pour affronter les scies et les faux
de ses tortionnaires.

Griffes du sirocco,
brasiers du soleil
sur les dards du sable,
rabots de basalte,
gueule d'un canon
bouchant l'horizon
pour coaguler le rêve
comme un obus coincé
entre le diaphragme et la luette.
Tous les outils et toutes les semences
de cette vie de grossiers faux-semblants
ont taillé le visage de Temoust.

Et toi, tu veux encore rêver ?

Armés de scies électroniques
et de poignards laser,
ils sont revenus
dans le sillage de leurs crimes.
D'une seule voix,
ils ont hurlé :
- "A la racine de la luette,
il faut couper toutes les langues harpons,
de celle du poète à celle de la chèvre
et du gecko de leurs ravins.

Et au-dessus du col,
gecko, chèvre
et râle du choucas
perpétuent les résonances
des cordes vocales rompues.
Fouets de tornade,
les nerfs de la langue continuent
à percuter le silence.
L'écho aux accents de silex amorce
le borborygme des galets.

Ô terre complainte de barbare
à la langue tranchée.
Ô langue des salives de Satan,
mijotée dans la vapeur du palais
aux timbres de piment.

Au pays des cris de la pénombre,
pays du génie qui appelle à la montagne,
nous tous comme les rocailles de nos plateaux,
nous grommelons et griffonnons
à l'oreille de la pierre
un mélange de sons et de signes
fourchus et branchus
comme les griffes des vautours,
nos ancêtres
qui nous mangent la langue.

Et nous parlons
avec des langues remuantes
tels les sabots des chèvres de nos mères
que nous trayons dans les chambres d'échos
de nos bouches.
Nos bouches emplies de lames de verre
et de mots munitions
des révoltes à venir.

Et à minuit quand la lune
n'est plus penchée sur la margelle,
miroir ouverture d'un puits tari,
par nos moignons de langues
nous jappons,
fracas de poésie aiguisée
comme la crête du silex.

Lame de verre
et sa lime de mots
balles braquées
à bout portant sur les tempes,
poésie silex crête affûtée
des voix se croisant et s'entrecroisant ,
et encore un nouveau heurt,
voix sourde de l'entre deux chocs
comme la météorite du cœur percutant
la pierre de la détermination.

Au pays des langues fendues,
pays à la parole
qui va droit
vers l'axe noir,
virage rapide
et soudain demi tour,
et la flèche revient
à l'arc de la langue.
Flèche et arc repartent
en un seul tir foudre
en quête d'un butoir,
cible niant
sa déflagration.

Soixante-dix ombres tombent
en vomissant leurs entrailles
et un homme court à leur secours
et mord sa langue,
renversé dans le tourbillon d'une rafale
et droit il se redresse,
les reins en fumée.
Il avale sa langue,
un caillot de sang
et d'un coup il part
vers le cap du non retour.

A l'autre bord du malheur,
sa femme rumine son placenta.
Son fils est fauché de son ventre
par le tonnerre de l'obus,
le ligotant au cordon ombilical
qui le relie jusqu'ici
aux entrailles de sa mère,
mère prise dans l'art révolte
de recycler la mort
en butin,
arme pillée à l'ennemi.

Ceci est la jolie face
du bas du pays
aux langues fourchues.
Quant à ses hauteurs,
c'est un autre cliché.

Horizon et ciel à l'infini
de la teinture laide
de l'azur
et toujours le noir du choucas
et son double, la tâche grisâtre
du vautour
qui ponctue l'absolue stridence,
notre silence.
Tout un pays de paix
écologique et hygiénique
avec son paradis minéral,
n'est-ce pas touriste ?

Va-t-en rapace
Ici, rien à visiter ni à raconter
Tout est nettoyé,
ethniquement correct.
Ouste ! journaliste.
Tout est propre et technologique.
Les corps sont découpés et brûlés,
les cadavres sont en cendres,
avec la coopération des Nations unies.

Désert basalte
pierraille avalanche
lave de nos crânes
et rocaille
grincement des os
ricochant sur les balles.

Vers la décharge,
les camions ont tout pelleté,
même le vent,
et depuis avant-hier
des fumées âpres,
sueurs de l'homme,
dessinent sur le poitrail du firmament
d'énormes navires remplis de scories
au regard de pierre ponce,
traversés par le cuivre d'une roquette .

Navires de fumée
chargés du marc de l'alphabet,
nos ombres,
ombres présence de l'absence
de nos corps
face à la peste silence,
la gale complice
qui suce notre existence
jusqu'à la moelle.

Nous sommes les fourmis
ombres divagantes d'une gangrène
qui se nourrit du vagabondage
de ses molaires.

Maintenant sur mon épaule
la nuit défèque le jour,
et je vais percer
les testicules enflés
du hibou blême,
l'hypocrisie.

source traduction

transcription du poème

°°°000°°°


   Commentaires par l'auteur de "Poésie d’embuscade" (page vidéo)
Traduit du touareg par Hélène Claudot-Hawad

(vidéo)

- "Bon, le texte que je viens de lire s'appelle "Poésie d¹embuscade ". Il ne faut pas l'entendre comme une personne en embuscade ! C'est la poésie ici qui tend un guêt apens à la métaphore pour la détourner et trafiquer les situations et les encerclements de l'envahisseur et de l'adversaire. Voilà !
C'est tout un travail que j'ai commencé depuis des années, un travail qui consiste à replacer la personne au centre de sa situation, au centre de son temps, pour qu'elle soit non pas soumise à eux, mais pour que ceux-ci émanent d'elle. Et en même temps, on capte tous les tirs adverses, on les recycle et on les renvoie à leur batterie d'origine, et en toutes directions et tous temps. C'est ceci la poésie d'embuscade, pas à pas, coup par coup, mais jamais interrompue. "

source traduction

°°°000°°°

SAHARA, Visions atomiques, Chapitre 5 (page vidéo)
Traduit du touareg (tamajaght) par Hélène Claudot-Hawad

(vidéo)

Écho de l’envers

Allo allo
arghem alpha éba arghem éba.
Je vous annonce que les rayons X
viennent de dévoiler une amulette
nouée dans les plis
de la cervelle d’un homme,
homme du nom de X,
homme clandestin,
homme vagabondant dans sa cervelle,
homme errant dans toutes les zones de pénombre
de son propre moi.
Allo allo, est-ce que vous m’entendez ?
Ou bien n’ai-je plus d’ombre moi aussi
sur cette terre qui glisse et dérape avec nous ?
Oui ! béta alpha beta, vous m’entendez ?
Si oui, alors moi aussi
je ne suis plus moi,
moi qui suis au service de votre sécurité,
mais plutôt un autre, un moi à part,
un moi à l'envers…

Bon, je vais essayer de lire l’amulette
que les rayons X ont dévoilée
à l’agent Y de nos services
pour que toutes les nations du bien
puissent l'entendre,
je vais réciter, à haute voix,
l’amulette écrite à l’envers
l'amulette aux formules diaboliques
des sept vents du néant
qui disent :

– Au nom des sans ombres,
les sept vents sans ombres,
eux qui refusent toute autorité
et ne reconnaissent pas les ordres établis
en pyramide Etat poids carcan
miséricordieux sur leurs épaules.
Argham, ébjad, éhwaz, ékhtay
éklman esghaf éDad éqershat
étcha eZa édj éga,
a i o é et le a défunt.
Le monde est une pyramide
étagée en cinq blocs :
Premier bloc
où habitent le zéro et neuf lions,
Deuxième bloc
où demeurent douze combattant
Troisième bloc
abritant quatre vipères
Quatrième bloc
emmagasinant cinq détonateurs
et cinquième bloc
qui détient les cinq codes
des cinq extinctions de l'imaginaire :
a1, i2, o3, é4,
et je dessine au centre du carré
le a de l'absence
qui campe le 5.
En donnant de l'importance
seulement aux consonnes,
le cabalisme a négligé la force noire
des cinq baguettes en deçà du sens,
les voyelles
qui détournent le pouvoir
de toute autorité
Etat et pharaonnerie bétonnés.
Voici l'art de recycler
l'énergie des chutes et déchets
que la raison a exclues.
Vent rouge, vent jaune, vent roux,
vent noir, vent gris, vent rayé,
vent albinos,
les anges ont bien un sexe
et quatre vingt dix neuf pour cent
de belles femmes,
le prêtre reçoit la révélation de l'ange,
le scribe accueille la charge électrique du vautour,
les sept vents sont dans nos filets.
A présent, tressons les nerfs du cyclone .

J'ajoute la puissance du neuf
à la puissance du huit,
la puissance du huit à la puissance du sept,
la valeur du sept s'additionne à celle du six
la valeur du six à la puissance du cinq.
Et je plonge les cinq puissances
dans la puissance du quatre
et transfère la puissance du quatre
dans la puissance du trois.
Je baratte la puissance du trois
dans la puissance du deux
et les deux puissances dans le Un.
Alors je verse la puissance du un
dans l’impuissance
et je transvase l’impuissance
de trois éclairs atomiques
dans la planche de mon thorax,
et je crie la puissance du nombre renversé
glissant et fuyant toutes les pesanteurs
des valeurs du monde établi
et par le timbre sourd
du cinquième cri de combat,
hors des tripes de la terre,
j’arrache la destruction
des six derniers tonnerres atomiques
que le mont Ahaggar a noués
dans les boyaux de l’ombre
fantôme du Touareg,
ombre à quatre pattes
sous les ténèbres de son pays culbuté
qui lui aussi rampe
sur les vertèbres de son dos.

Impuissance des trois tonnerres
à laquelle se rajoutent les destructions
des six tonnerres qui ont semé
à coup de mépris
les neuf fardeaux atomiques
en direction de l’astre
à la puissance neuf
et neuf jusqu’à l’infini neuf,
neuf bras et branches de haine
puissance de neuf milliards
voyage de la lumière errante
pondant sans cesse neuf soleils,
qui chacun explose à tout instant
de neuf milliards de cosmos soleils
de nouveau épanchant leurs menstrues
jets d'arcs-en-ciel
des neuf voies lactées
qui crachent d’autres ouragans fous
d’étincelles…

Je dévie,
je dévie toutes les puissances des neuf chaos
et à hauteur des sept forces terrestres
rajoutées aux grimaces des sept fronts célestes,
je détourne,
je détourne tous les aimants
des voies et des autoroutes
de satellites voitures avions et trains
fibres et réseaux ferroviaires et électroniques
des terres, des airs, de l’imaginaire et des océans.

Ne craignez pas la métamorphose,
déjà nous sommes neuf milliards de fusées,
neuf milliards d’insectes
soleils en révolte
s’affranchissant des cervelles d'ordinateurs,
libérés de leurs lanceurs,
pour un élan de fronde tourbillonnant
danses révoltes marches rejoignant les vertiges
courses de météorites cabalistiques
du détournement des sens,
des ordres et des règles.

Geste du scribe

Ewa égale six,
alpha égale un,
eha égale cinq.
Ceci est la formule
de la bombe à retardement
de nos regards,
nos regards ponceurs de vos soleils.
Et déjà les fronts de vos satellites sont scalpés
et cent champignons du tartre de notre salive
continuent leur œuvre
dans la cervelle et les moelles nues
de vos espions et de vos ordinateurs…
Le vieux vautour,
gardien des campements abandonnés,
ne disait-il pas :
– Attachez la terre à la cheville du vent,
liez la terre par le fouet de vos langues,
liez le serpent terre,
et mettez l’unité du cinq
dans l’angle gauche du triangle
et le chiffre un dans l’angle droit.
Et sur la tête de votre triangle,
logez encore un cinq
et ensuite, renversez la pyramide des pharaons
sur le souple triangle, trépied nomade
et entourez le double triangle
par le nom des hommes de sept,
hommes de sept, piliers des ténèbres
et l'être humain jaillira des ténèbres,
Homme, porteur de l’univers.
Des ténèbres, surgira l’homme taureau,
taureau homme
qui n’a nul besoin
de la planche de l’espace
ni d’un faux ruban du temps,
l'homme taureau indomptable,
homme rebelle taureau,
Homme jailli du cosmos
homme fauve
se portant lui-même
et l'autre face du monde.

Renforcez l’homme rebelle
par le sexe de Satan,
et naîtra le démon de la passion
de vos insurrections.
Le six de la gauche
versé dans le un de la droite
égale sept.
Et sept fois le cinq de la tête du triangle
égale trente cinq.
Et trente cinq fois trois
égale cent cinq.
Alors, en soustrayant les deux zéro du cent,
vous trouverez le Un,
et un auquel s’ajoute cinq fait six.
Six axes et au centre dressez le un
de leur silhouette debout.
Un au centre de vos six pôles d'orientation
égale sept,
voilà le Sept, l’homme,
l'homme dressé,
l'homme formé de deux triangles,
l'un tête en bas rencontrant
l'autre, tête en haut.
Et maintenant soufflez sur le vent,
et tomberont dans le vent
les coques poids pyramides
de vos pharaons.
A présent le vent, la terre et le temps
sont entre vos mains.
Buvez le mirage et le soleil.
Qu’attend la révolution ?
Buvez la lie de vos nuits,
déjà vous êtes affranchis,
déjà vous marchez et êtes libérés,
vous marchez au-delà de l’état d’homme
vers la nature du vent.

Rouille du cinq
sur venin du sept
égale douze.
Trente jours frissonnant sous la fureur
de quatre triangles, sceau carré
socle de l’alchimie des mirages,
urine de soleil noir,
encre sperme de scorpion en rut,
redressez-vous,
nous avons métamorphosé la fortune
des nouveaux Crésus et des tyrans
en tornades de sauterelles dévastatrices
fondant sur le lard des coffres-forts.

Charançons,
pâturez dans les casques et les blockhaus,
mangez-les,
la conscience de leur diadème d’argent s’effiloche,
leur monde est devenu un vieux mouton
traînant le postérieur
vers le sillage de vos rêves.
Détournez leur vent sans atermoiement,
égarez-les sur votre terre.
Les lichens déjà rongent
le phallus de leur haine
sous vos sabots.
Emoussez leurs cils,
il ne reste plus sous leurs paupières
la moindre étincelle
hormis les cendres de leurs rêves.

source traduction

transcription des poèmes

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Commentaires par l'auteur de "SAHARA, Visions atomiques" (page vidéo)
Traduit du touareg par Hélène Claudot-Hawad

(vidéo)

"Le 2e poème qu¹on a entendu vient d¹un travail à part tiré d¹un livre qui s¹intitule : "Sahara. Visions atomiques ". Le texte de cet ouvrage expose la magie moderne d¹une guérilla de détournement des chiffres, des situations et des encerclements, afin de construire et de redresser et de démonter l¹homme, l¹homme ennemi. Et le reconstruire pour qu¹il devienne un proche.

Tout ceci est un clin d¹¦il pour chercher un côté où il pourrait y avoir une issue, soit en dessous, soit au dessus, soit au détour de ce qui étouffe, bref il y a toujours une issue ! "

source de la traduction

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