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Zighcult
17 mai 2007

Ammara Lekhous à la Bibliothèque nationale d’Algérie

Pour son second roman (après Le Corsaire édité par une association culturelle italienne en 2000), Comment téter la louve sans se faire mordre (éditions El Ikhtilef, Alger 2004), il a choisi, non pas de le traduire en italien, mais de le réécrire dans la langue de Raffaele La Capria, Choc des civilisations pour un ascenseur à la place Vittorio. Résultat des courses : un accueil très chaleureux par la critique, les honneurs des autorités de la ville de Rome et deux prix, le Flaiano 2006 et le Racalmare Leonardo Sciascia.

Mais encore : depuis sa sortie en mars dernier, ce roman est à sa sixième réédition ; il a figuré dans le Top Ten des livres les mieux vendus dans la péninsule, selon le quotidien Il Corriere Della ; la maison d’édition française Act Sud compte le traduire de l’italien au français ; des éditeurs allemands, espagnols et anglais se l’arrachent également pour le traduire ; les droits ont été vendus pour une adaptation cinématographique, et on a également proposé à l’auteur de l’adapter sur une scène de théâtre.

Bref, ce roman a un succès retentissant et son auteur est sur le chemin de la gloire. Pourtant, il ne semble pas avoir la grosse tête : « Je suis très surpris par ce succès », a déclaré Ammara Lekhous, samedi dernier, alors qu’il était l’invité de la Bibliothèque nationale du Hamma. « Je suis très content d’être là pour la deuxième fois », a-t-il dit, avant d’évoquer son roman à succès. Il mettra d’abord l’accent sur sa « réécriture », « ce n’est pas une traduction, j’ai réécrit le texte en italien, d’ailleurs, j’ai ajouté des passages, j’ai changé des noms de personnages et j’ai ajouté des proverbes italiens, le traducteur n’a pas ce genre de libertés ».

Par ailleurs, il expliquera qu’il y a passé deux années, sans le moindre usage du dictionnaire. Il a surtout travaillé sur les dialectes milanais, napolitain et celui de Rome. Mais comment Ammara Lekhous arrive-t-il à jongler avec les langues ? « Je suis né dans un contexte linguistique particulièrement riche ! », avoue-t-il. Ses parents, kabyles, ne parlaient presque pas l’arabe, alors que lui, évoluant dans un quartier populaire (Hussein Dey), pratiquait l’arabe au quotidien. Ses cousins émigrés en France équilibraient un peu les choses puisqu’ils lui permettaient d’avoir aussi un lien avec la langue de Molière.

Ses positions par rapport au colonialisme ne l’éloignent pas pour autant de la langue. Et bien sûr, son établissement en Italie, a fait le reste. Parti en 1995, il a étudié l’italien durant deux mois non stop, et il le parle à la perfection. Mais avec l’Italie, c’est une grande histoire : « J’ai une dette envers l’Italie qui m’a accueilli à un moment très difficile de ma vie et de l’histoire de l’Algérie », explique l’écrivain qui avoue aussi être un grand admirateur du cinéma italien « qui se base beaucoup sur les paradoxes, c’est de la comédie mais aussi de la tragédie ».

Pour lui, les langues représentent une ouverture. Ouverture vers la culture mais aussi vers la compréhension de soi : « Je crois qu’on n’est pas capable de se voir avec ses propres yeux dans un miroir et la langue est un miroir. » En venant parler de son roman réécrit, Ammara Lekhous, inaugure deux événements. Lettres algériennes et Les intellectuels algériens et les Italiens. Au programmes : spectacles, conférences d’intellectuels algériens établis en Italie…

par Zineb Merzouk El Watan, Alger

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