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Zighcult
1 mai 2006

Ouverture ?

Algérie

les couleurs de l’avenir

Réconciliation nationale, privatisation, développements de la grande distribution et de l’énergie… L’Algérie a les yeux tournés vers le futur et sa jeune population est au cœur de ce pari d’ouverture.

La longue marche Le processus de privatisation engagé en Algérie devra s’accélérer afin de permettre au pays de diversifier son économie et de ne plus autant dépendre des ressources pétrolières.

Par Emmanuel DUPUY

Le processus de privatisation de l’économie algérienne remonte à 1995, sans que des résultats probants ne soient venus relancer l’emploi. C’est pourtant ce qu’avaient annoncé le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les bailleurs de fonds internationaux, soucieux de garantir les ajustements structurels selon eux nécessaires, et d’établir un climat propice au retour des investisseurs étrangers. L’économie algérienne était, pour ainsi dire, strictement régie par plusieurs facteurs : une rationalisation des dépenses publiques, une réforme fiscale et des taux de changes, la fin du système de subventions, la démonopolisation du commerce extérieur et un relatif désengagement économique de l’État.
Or, dans un contexte global de mondialisation économique non maîtrisée (mais aussi local), compte tenu des événements tragiques ayant ensanglanté l’Algérie depuis les émeutes de 1988, cet ajustement macro-économique et la restructuration industrielle avaient focalisé les critiques. La faute à un manque de suivi collectif de l’ensemble des partenaires sociaux et des opérateurs économiques. Des éléments pour lesquels une certaine dépendance aux hydrocarbures et une dette endémique auront été des facteurs de retard. La dette avait atteint près de 80 % de la valeur des exportations nationales, taux qui a eu tendance à diminuer. Ce climat d’incertitude avait ainsi provoqué une croissance en chute libre, depuis les années 80, aboutissant à un manque d’attractivité.
Relancé en grande pompe, en août 2001 (par une ordonnance impulsée par Abdelhamid Temmar, tout juste promu ministre algérien de la Participation et de la Promotion au sein du gouvernement d’Ahmed Ouyahia), le processus de libéralisation et de privatisation massive des Entreprises publiques économiques (EPE) était, depuis cette date, au point mort.
Néanmoins, cinq ans après un relatif statu quo, la réforme vient d’être relancée. Beaucoup y voient désormais le seul moyen de faire repartir l’économie algérienne et de maintenir l’emploi. Une relance qui s’effectue dans un contexte de compétition économique accrue et sans doute accélérée par l’arrivée de nouveaux investisseurs étrangers, notamment asiatiques, intéressés par le marché algérien.
On est passé d’une hostilité manifeste à une discrète reprise en main du dossier par les syndicats dont la participation, (mais aussi l’intéressement des travailleurs algériens et l’actionnariat salarié) est une des conditions actuelles du débat. Cette combinaison public-privé, en cours, semble être la voie choisie par les organisations syndicales.
Ainsi y a-t-il consensus à considérer l’arrivée de repreneurs étrangers ou nationaux – issus du privé, fiables et soucieux de garantir l’emploi – comme la moins pire des solutions.
La cession au dinar symbolique revêt ainsi un enjeu tout à fait stratégique entre les clans au pouvoir à Alger. D’un côté, il y a ceux qui veulent en profiter pour ouvrir l’économie vers les nouveaux « amis » que sont les états-Unis – soucieux de s’allier au Maghreb dans sa lutte contre le terrorisme – et, de l’autre, ceux qui souhaitent voir la France et l’Europe investir plus massivement, et de manière pérenne, pour garantir la continuité des relations bilatérales et multilatérales. La rente matérielle découlant de ce processus de libéralisation est un autre enjeu de taille.
La privatisation pourrait être, par conséquent, un test grandeur nature quant à l’aptitude d’Alger à considérer son rôle d’acteur économique : moins dans une pratique gestionnaire, bureaucratique et rentière, et davantage dans un rôle d’accompagnement et de régulation de ce processus. Le poids de l’impôt que l’état recouvre auprès des entreprises publiques est un autre défi majeur. C’est donc une métamorphose de l’économie algérienne qui est en cours.
Cependant, nul ne sait combien de temps prendra la transformation du système économique, planifié de manière plus ouverte. C’est un enjeu primordial qui retarde inexorablement le passage à une économie de marché. Cette dernière verrait le pays se doter d’un arsenal juridique et réglementaire plus adapté et permettrait au secteur tertiaire de se développer.
Dans un pays où 60 % de la population a entre 20 et 30 ans, la jeunesse et le haut niveau de formation sont des atouts considérables. à condition de tenir compte de la nécessité de moderniser le tissu industriel et de permettre à l’Algérie et à tous les secteurs de son économie de se doter des technologies les plus avancées.
Ainsi le regard attentif d’investisseurs français et européens est une donne qui relance quelque peu les enjeux…

Thierry Costedoat, responsable du Cabinet de conseil en ingénierie stratégique pour la sécurité (CI2S), qui ouvre dans cette perspective un bureau à Alger, y voit « la concrétisation des efforts très significatifs d’ouverture des autorités algériennes, en particulier dans des secteurs industriels fortement diversifiés ». Il analyse la situation actuelle comme un New Deal (nouvelle donne économique) version algérienne qui, s’il veut aboutir, devra d’abord tenir compte d’une nécessaire et nouvelle approche dans sa gouvernance par l’état. M. Costedoat souligne que l’administration devra, dans le cadre de l’exercice de sa pleine et entière souveraineté, « veiller à conserver la totale capacité dans ses fonctions régulatrices, tout en maintenant sa position d’arbitre impartial ».
Selon lui, une nécessaire définition des règles du jeu est essentielle. Cela devra aussi passer par une adaptation, au cours d’une période transitoire, des modalités de la gouvernance entrepreneuriale. Il faudra, selon M. Costedoat, opérer des changements dans le fonctionnement d’une administration jugée « trop bureaucratique » par beaucoup. Il conviendra cependant de veiller à s’appuyer sur les hommes qui la composent en les associant à ce nouveau challenge. Une collaboration indispensable pour obtenir la totale adhésion des acteurs locaux, tout en ne décourageant pas les Investissements directs étrangers (IDE).
C’est en cela que réside le pari de l’intégration du pays dans le jeu économique mondial. c’est aussi la solution la plus pertinente pour sauver les milliers d’emplois.
L’Algérie est un pays aux possibilités très importantes, au regard de son positionnement géographique, sa façade maritime, et sa jeunesse sur laquelle repose l’avenir…

De ce point de vue, le récent discours du président Jacques Chirac – rappelant les potentialités liées au démantèlement des navires et les opérations de désamiantage – représente une manière de valoriser les ports algériens en voie de privatisation.
Plusieurs pistes sont à l’ordre du jour pour cette relance du processus de libéralisation économique. Entre une association capital privé national et capital privé étranger, cinq formules sont envisagées : actionnariat populaire et salarié, cession d’actifs par appels d’offres, cession gré à gré et conversion de la dette publique en prises de participation.
Le cas de la privatisation de l’Entreprise nationale des détergents (Enad), et son alliance avec l’allemand Henkel, est un des exemples qui, par le passé, ont permis un partenariat stratégique. Cependant, l’enjeu du format des entreprises incluses dans ce processus est important.
Certains analystes financiers estiment nécessaire une réorientation vers les PME-PMI. Ces dernières sont des vecteurs plus souples de relations économiques solides entre rives Nord et Sud du bassin méditerranéen ainsi qu’entre Maghreb et Machreck. Il ne faut pas non plus oublier de placer l’Algérie au centre du laboratoire de la transformation des entreprises publiques dans le cadre de l’espace euro-africain en gestation, comme à travers le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), hérité du projet du Plan millenium pour l’Afrique (Map). Ce programme avait été lancé par les présidents sud-africain, nigérian et algérien : Thabo M’Beki, Olusegun Obasanjo et Abdelaziz Bouteflika. Le Nepad préconisait ce leadership pour l’Algérie depuis son lancement, en 2002.
Aussi faut-il voir dans ce contexte le rôle pivot de l’Algérie pour relancer l’Union du Maghreb Arabe (Uma), née à dans la capitale en 1989, et dont l’objectif était de créer un marché commun dans la région. L’Uma est depuis à l’agonie dans son ambition légitime de créer une solidarité économique sur la rive Sud de la Méditerranée et avec l’ensemble des pays du bassin…

L’enjeu de la relance du processus de privatisation sera ainsi autant économique que politique, à court et plus long termes. Il garantira à l’Algérie une diversification de son économie, rendue indispensable par la conjoncture pétrolière actuelle.

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