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Zighcult
12 novembre 2006

A propos de la standardisation: Uniformiser ou diviser tamazight?!

Par: Lahbib Fouad

Le Centre Tarik Ibn Zyad pour les études et la recherche a organisé une conférence-débat le 3 octobre dernier à Rabat sur le thème de la standardisation de la langue tamazight, présenté par le Professeur Abdellah Bounfour, enseignant à l'Institut National des Langues Orientales (INALCO) à Paris.

Dans cet article, bien que je ne partage aucune des assertions avancées par le conférencier,  je n'ai pas l'intention de revenir sur tous les points qu'il a soulevés dans son intervention. Je souhaite simplement poser certaines interrogations au sujet de la langue tamazight et de son devenir.

Dès le début de son intervention, Mr. Bounfour a tenu à rappeler et préciser qu'il va utiliser le qualificatif "berbère” au lieu de tamazight!! En avançant pour argument, l'usage du mot "berbère“ dans les milieux "scientifiques"!! La persistance à utiliser la dénomination "berbère" par le conférencier est perçue par nombreux amazighs comme une volonté de perpétuer la tradition colonialiste qui, elle même a changé depuis que Larousse a introduit les mots amazigh et tamazight en 1998 dans son dictionnaire!! La vraie raison qui pousse Mr. Bounfour à utiliser quand même le péjoratif "berbère" est le fait que dans son approche dialectalisante, tamazight risque de faire penser au parler du Moyen Atlas marocain. Et, comme le conférencier appartient sûrement à un autre accent régional, et qu'il plaide par ailleurs pour le choix d'un "dialecte" pour référentiel standard, Mr. Bounfour a finalement opté pour le terme "Berbère" et ce pour dissimuler son approche régionaliste et dialectalisante. Pourtant cet amalgame est depuis longtemps dépassé par le mouvement amazigh ainsi que par l'ensemble des habitants de l'Afrique du Nord!!

Juste après sa précision "berbérisante", Mr. Bounfour a donné une définition de la standardisation pour le moins que l'on puisse dire médiévale et subjective. C'est selon lui "choisir un référentiel dialectal" qui, par la suite sera généralisé... Pour illustrer son opinion, il rappelle que la langue française est construite sur le parler de l'Ile de France imposée au reste des français!! Une politique linguistique du moyen âge serait-elle valable encore aujourd'hui?! En ce domaine, la science et le savoir n'ont pas évolué depuis?! Le cas du français peut-il être un modèle valable aussi pour tamazight?! le même modèle qui a imposé l'arabe au détriment de tamazight en Afrique du Nord!?

Pourtant, le problème n'est pas de choisir et d'imposer un "dialecte" donné au reste des imazighen!! Il s'agit bel et bien de la logique la plus adéquate pour ECRIRE les "dialectes" les plus représentatifs conformément à une orthographe grammaticale standard et uniforme, partout où tamazight est parlée. Ensuite, comme pour toutes les langues, les locuteurs amazighophones garderaient leurs accents respectifs sans pour autant que l'écrit change d'une région à une autre. Un francophone canadien prononce-t-il le français comme à Paris, aux Antilles ou aux Iles Maurice?? N'est ce pas que c'est l'écrit qui est commun à toute la communauté francophone??

Comme pour dissimuler le vrai problème que soulève toute standardisation, Mr. Bounfour, pendant toute son intervention, n'a à aucun moment cité le mot ECRITURE ni celui de TRANSCRIPTION encore moins celui de GRAPHIE comme s'il s'agissait de standardiser les réalisations phonétiques dialectales!! Rien que pour ça, je doute même des compétences de notre "éminent" professeur en le sujet qu'il a fait semblant de traiter... C'est par la suite, pendant le débat et en réponse à une question posée au sujet du "choix" du caractère, que Mr. le conférencier a avancé une de ses dernières spéculations en la matière en affirmant: "tamazight peut démocratiquement s'écrire en trois graphies différentes" en insistant sur le caractère démocrate des "berbères"!! Avancer cette absurdité, c'est mépriser et sous-estimer la langue tamazight. C'est une volonté suspecte de vouloir enfermer tamazight dans ce ghetto de "dialecte" impropre à tout enseignement, en se rangeant par ailleurs aux cotés de ceux qui pensent toujours que les imazighen sont éternellement incapables de prendre en charge leur culture et le devenir de leur langue!! C'est d'autant plus aberrant qu'une négligence d'une telle taille est affirmée par quelqu'un qui se veut "scientifique"!! Comment, lorsque on prétend analyser les voies de la standardisation de tamazight on n'est même pas capable de décider de la graphie susceptible de réaliser cette opération?! Comment est-ce possible d'écrire une langue en trois différents caractères, si ce n'est insulter l'intelligence des imazighen et se moquer de leur langue?!! N'est-ce pas qu'une langue écrite respecte les normes exigées par sa grammaire qui dicte son orthographe selon la graphie utilisée?? N'est-ce pas que dans une langue comme le cas du français les mots tels: "sot, seau, seaux, sauts, saut...", bien qu'ils se prononcent de la même manière n'ont de sens que lorsqu'ils sont écrits en graphie latine, et ne peuvent être déchiffrés que par ceux qui ont appris le français à l'école!! Amusez-vous à retranscrire ces vocable en graphie arabe ou autre, le résultat est décidément plus que méprisant vis-à-vis du français!!

Aussi, dès le début de son intervention, Mr. Bounfour a tenu à préciser qu'il existe plusieurs langues "berbères"!! sans pour autant en préciser le nombre. Et, tel un Don Quichotte, ne trouvant pour argument que d'affirmer: "si un chleuh ne comprend pas un habitant de Jerba, c'est qu'ils ne parlent pas la même langue!! En suivant ce "raisonnement" absurde, nous en déduisons que: "lorsque un québécois ne comprend pas les propos d'un malgache c'est qu'ils ne parlent pas la même langue, quoique qu'ils utilisent le français"!!

Mr. Le professeur! une même langue est celle régie partout où elle est parlée par la même grammaire et par un fond lexical commun. Les réalisations phonétiques régionales ou continentales ne peuvent rien changer à cette définition. Ainsi, de Tiznit à Zouara, de Nador à Tamenrasset, de Ifran à Siwa en passant par Tizi Ouzou et Ghedamaes, imazighen parlent la même langue, elle s'appelle tamazight. Elle est régie partout par la même grammaire et utilise le même vocabulaire! Imazighen se comprennent plus au moins entre eux Monsieur!! Et ce n'est pas parce que vous n'appréciez que tachelhit que vous allez priver les imazighen d'Agadir ou ceux de Taroudant de communiquer avec leurs frères de Figuig ou ceux de Batna!! Les moyens de communication modernes - dont internet, radio et antennes paraboliques - ainsi que les mouvements et les rencontres entre les populations amazighes ont démontré l'inter-compréhention entre les imazighen et l'unité de la langue tamazight. Que vous l'admettiez ou pas, la langue amazighe, telle qu'elle est parlée au Rif est la même que celle parlée au Souss. Et, ne diffère de celle des Atlas que par des réalisations phonétiques instables et fragiles... caduques et négligeables lorsque tamazight sera enseignée en classe.

Au moment où le mouvement amazigh réclame l'enseignement d'une langue amazighe nationale standard, Mr. Bounfour vient contre toute attente pour dialectaliser encore plus tamazight, et semer la division entre les locuteurs d'une même et seule langue, exactement comme faisaient, sinon pire, les éthno-linguistes-colonialistes fondateurs de son école. De ce fait, notre "éminent" professeur n'a pas changé d'un iota ce que ses maîtres orientalistes ont écrit au sujet de tamazight dès les premières années de colonialisme en Afrique du Nord.

Le conférencier a tout de même proposé de "standardiser dialecte par dialecte"!! et préconise pour cela un ensemble de "démarches" illustrées par des "exemples" pour le moins que l'on puisse dire déplacés et hors sujet. Dans le cas de la terminologie par exemple, il prétend qu'il faut retenir pour nos dictionnaires les termes " Tatbirt " et " Titbirt ", malgré leur différence morphologique, car estime-t-il, les deux termes sont en usage dans la langue parlée!! Mr. Bounfour ignore peut-être que selon la règle grammaticale retenue pour la langue standard, une des deux formes citées est forcément erronée. Et, malgré son usage dans le langage parlé, la forme ne respectant pas la règle établie, ne doit en aucun cas figurer dans le dictionnaire que s'il s'agit d'un autre vocable à valeur sémantique différente. De même, dans le cas du pluriel, le conférencier ne savant vraiment pas à quel saint se vouer s'interroge: "... dans le cas du pluriel, lequel retenir, le pluriel en (awen) ou le pluriel en (en)"?!. L'on comprend alors pourquoi un agrégé en arabe ne pourra jamais être utile pour standardiser tamazight. Car, jamais il n'admettra qu'en tamazight, comme pour toute les langues respectables, c'est l'orthographe d'un substantif au singulier qui détermine le cas de son pluriel et indique la prononciation de la désinence qui lui est attribuée.

Lahbib Fouad - DECEMBRE 2001

source

________________________________________

Écrire ou transcrire ta maziptt ?   

Bahbouh Lehsene
Lahbib Fouad

Introduction :

Malgré que nous nous vantons que ta maziptt possède un des plus vieux, un des plus anciens alphabets du monde, cette langue ne s’écrit toujours pas ! Car, entre ‘transcrire phonétiquement’ le parler d’une région donnée et ‘écrire orthographiquement’ une langue, il existe bien de criardes différences !

De la transcription phonétique :

Pour noter fidèlement un parler donné, en tenant compte de l’ensemble des variantes sonores locales, (voir intervention de M. Kamal nait zerrad dans le mensuel ‘izuran’ n° 28 en page17) les ethno-linguistes, les antropologues, les ethnologues, les ethnographes, les sociolinguistes européens de la fin du 18ème siècle et du début du 19ème siècle ont créé, pour nous, i mazipen, un système de notation ‘greco-latin’ composé de quelques cinquante (50) graphèmes (voir le fichier documentaire berbère de Michelet).

Ce système de notation greco-latin, souvent mâtiné du système ‘sémitique’ (arabe) et frelaté de signes graphiques grecs, servait, d’une part, pour transcrire les parlers nords-africains, (taqvaylit, tachaouit, tachelhit, tamachaqt, tarifit, etc..) ainsi que les parlers arabisés (Hassasnia, daridja, etc.) ou encore, les parlers : Souahili, Toubou, Zoulou, Wolof etc.

Cette transcription toute phonétique ne tient compte, ni de la grammaire, ni de l’orthographe, et, encore moins, de l’identité des mots.
Elle ne fut pas destinée à un usage scolaire, mais plutôt, pour servir les intérêts colonialistes de l’époque. (infiltration des indigènes oblige !)

Les systèmes de notation phonétique :

Les caractères utilisés pour transcrire, phonétiquement la langue ta maziptt ont tous une particularité commune, c’est d’être ‘non pratiques’, inefficaces, archaïques, inadaptés et inadaptables au matériel moderne, standard, universel, et aux technologies en cours.
Ces caractères sont ces trois différents alphabets avec lesquels les phonétistes transcrivent, médiocrement, maladroitement, ta maziptt.

Alphabet ti ifinêp. (tifinagh) :

Ti ifinêp (tifinagh) (les caractères lybiques) sont, en quelque sorte des symboles, des témoins incontestables d’une tradition écrite, peut-être, multi-millénaires. Ces caractères sont aussi différents d’une région à une autre, et même au sein d’une même région, Ti ifinêp (tifinagh) touaregues, ti ifinêp sahariennes, et ti ifinêp du nord.

Chaque promoteur transforme des lettres existantes ou en crée pour noter des sons particuliers à sa région. Plus de 43 signes sont donc nécessaires pour transcrire phonétiquement ta maziptt en ti ifinêp. L’ A.B.E.R.C. (Académie Berbère d’Échange et Recherche Culturelle) (Agraw Imazipen) s’était contentée de 37 caractères.

En plus du caractère archaïque de ces signes (non cursifs, consonnantiques, en retard technologique, typographique, grand nombre de signes) ils ne peuvent assurer la diffusion de ta maziptt par des supports de communications, ni même assurer sa standardisation.

Ti ifinêp ont plutôt un rôle symbolique, liés à l’identité des Nords africains. Ce sont des caractères de prestige et de prise de conscience.

L’alphabet sémitique (arabe) :

Les caractères arabes ne sont pas conformes au système phonologique de la langue ta maziptt. Cette graphie serpentiforme, toute phonétique et syllabique est en retard technologique, typographique, elle est démunie de voyelles, sans majuscules (Les noms propres de personnes et les noms communs de choses ou d’animaux sont terriblement confondus), grand nombre de lettres. Certains caractères arabes nécessitent trois formes typographiques, donc trois codes, trois millésimes :
- Une forme, c’est quand le caractère est placé au début du mot,
- Une autre forme, c’est quand ce même caractère est placé au milieu du mot,
- Une autre forme, c’est quand ce même caractère se trouverait placé à la fin du mot !

Cet alphabet reste incapable d’assurer la diffusion et la communication de la langue ta maziptt par les supports modernes (matériel informatique, équipements électroniques, internet, et autres télex).

Cet alphabet est incapable de servir l’orthographe de la langue ta maziptt ni contribuer à sa standardisation, à sa normalisation, encore moins à l’élaboration de moyens pédagogiques indispensables à son enseignabilité avant son enseignement (dictionnaires, lexiques, manuels didactiques). Cette graphie est inefficace et improductive, elle est rejetée par des auteurs soucieux du bien être de la langue ta maziptt, ainsi que par l’ensemble des praticiens, des académiciens de langue ta maziptt.

L’alphabet greco-latin :

C’est une graphie fort encombrante, elle est composée de plus de cinquante (50) signes graphiques , (voir les manuels du F.D.B de Fort-national) dont quelques dix (10) caractères sont utilisés avec des signes diacritiques ou avec des points souscrits.

Cette graphie ne saura s’adapter aux technologies modernes de communication, ni aux réalités matériels disponibles qu'i mazipen et ti mazipen sont contraints d’utiliser, d’employer.

Cette graphie ne peut être utile, ni à la standardisation que les phonétistes, les simplistes, invoquent à cor et à cris, ni à une écriture stable, orthographique, qu’invoquent les orthographistes, les lexicographes, les académiciens.

Cette graphie est beaucoup plus destinée aux travaux de laboratoires de langues des peuples sous domination qu’à l’usage scolaire propre à la langue ta maziptt. Sur le plan technique, les caractères greco-latins avec des diacritiques ne sont disponibles sur aucun clavier.

Sur micro-ordinateur, il faut être informaticien pour taper un texte en ta maziptt. Pour taper une consonne munie d’une diacritique, (il en existe au moins dix) il faut connaître son code ASCI (au moins quatre chiffres). Ces codes sont différents d’une minuscule à une autre, et d’une majuscule à une autre, et, évidemment, différents d’une police de caractères à une autre !

Cette graphie freine l’édition et la diffusion de ta maziptt.

Sur le plan pratique, en utilisant les caractères greco-latins, les caractères sémitiques (arabes) ou les caractères lybiques (ti ifinêp) il est impossible de profiter d’un service aussi simple qu’un télex, un courrier électronique ou une page Web….

 

Caractéristiques de la transcription phonétique :

Quelque soit la graphie utilisée pour ‘transcrire’ phonétiquement ta maziptt, les conséquences sont les mêmes : ambiguïté, anarchie, simplisme, médiocrité, archaïsme, et blocage.

Les partisans de la transcription phonétique recommandent aux producteurs de noter ta maziptt en utilisant – au choix – les trois graphie phonétiques citées plus haut. Or, une langue digne de ce nom ne peut s’écrire correctement, conformément à des règles les plus généralisés, qu’avec ‘UN’ et un seul système d’écriture, un seul alphabet !

Cette graphie à utiliser est nécessairement conforme à une orthographe grammaticale préétablie et qui ne saura être respectée en passant d’un alphabet à un autre.

La transcription phonétique conçue pour noter les dialectes a été appliquée, à tort, pour transcrire la langue ta maziptt. Cette transcription phonétique note fidèlement toutes les particularités phoniques d’un parler donné, mais elle ignore toute exigence grammaticale ou orthographique en passant d’un parler à un autre. 

Pour cela, on attribut, à chaque son, un graphème, et chaque mot s’écrit comme il se prononce dans ses différentes conversions !

En transcription phonétique, les verbes conjugués sont liés aux particules grammaticales (pronoms personnels, auxiliaires, pronoms relatifs, et autres prépositions pronominales). Les noms, substantifs communs de choses ou d’animaux sont notés sans distinguer les voyelles initiales stables des articles que l’on sait variables. Les particules grammaticales invariables (prépositions, conjonctions, adverbes) sont notés conformément aux transformations qu’ils subissent par la contrainte phonique, et les racines de substantifs deviennent méconnaissables en passant du singulier au pluriel.

L’enseignement de ta maziptt sur des bases phonétiques nécessite une longue période d’apprentissage dans un labyrinthe interminable de variations et de cas particuliers …(Sept (07) années après l’enseignement de ta maziptt par les enseignants et enseignantes du HCA, les élèves sortent de l’école, tout comme ils sont entrés, c’est-à-dire, sans retenir, la moindre règle régissant la langue ta maziptt). Les verbes ne sont pas classés par groupes ou catégories selon l’orthographe de leurs infinitifs, ce qui nécessiterait l’apprentissage de la conjugaison propre à chaque verbe indépendamment des autres.

Le pluriel ne se déduit pas de l’orthographe de son singulier, et par conséquent, il faut apprendre le pluriel de chaque singulier de substantif distinct ! La transcription phonétique propose une notation aléatoire des substantifs, donc une impossibilité de retrouver un mot donné dans des dictionnaires ou lexiques, puisque la racine des mots est toujours altérée et méconnaissable, du fait de son caractère contextuel (comprendre avant de lire) il est souvent difficile de distinguer un nom d’un verbe dans un texte transcrit phonétiquement !

Par conséquent, il est impossible d’espérer concevoir des outils aussi indispensables pour le développement de ta maziptt ou un logiciel correcteur d’orthographe ou vérificateur de grammaire !

La transcription phonétique anime la déstabilisation des éléments grammaticaux par une notation simpliste de toutes les particularités dialectales (spirantisation, assimilation, élision, annexion).

Cette notation ne peut engendrer que des ambiguïtés, complexités, et par conséquent, divergences et divorces entre les parlers d’une même langue, ta maziptt dans notre cas.

La transcription phonétique ne peut contribuer à une normalisation, ni à une standardisation de ta maziptt commune. Au contraire, elle serait incapable de servir l’enseignement de cette langue !

L’enseignement de ta maziptt sur des bases uniquement phonétiques est un aspect folkloriste, folklorisant, méprisant, au lieu de la considération de cette langue. C’est même un moyen redoutable de renforcer la dialectalisation, le morcellement en amplifiant les accents d’une même et seule langue comme ta maziptt.

Médiocrité de la transcription phonétique :

Le caractère contextuel de la transcription phonétique engendre confusions et tâtonnements de la compréhensibilité d’une phrase ou d’un mot même écrit isolément, nos phonétistes ont de tout temps écrit ce que eux mêmes ne veulent pas dire ! Par exemple :

- Win ur nesin ara.

Cette phrase traduit – elle :
- Celui qui ne sait pas ?
- Celui que nous ne connaissons pas ?

La phrase :

Akli d gma.

Traduit – elle :

- Akli (et) mon frère ?

- Akli (c’est) mon frère ?

Dans les phrases :

Azzelett ar uxam.
courir à la maison

Uzlegh ar uxam.
j’ai couru à la maison

Ur uzilegh ara ar uxam.
je n’ai pas couru à la maison

L’orthographe du verbe ‘’azzelett’’ ( à l’infinitif) (azzel à l’impératif) se transforme en :

‘’’Uzil’’ au prétérit négatif !

La transcription phonétique introduit ‘deux voyelles’ étrangères au radical du verbe (U et I) qui altèrent la racine tout en compliquant la recherche de ses définitions dans les dictionnaires ou lexiques puisque c’est la forme infinitive ‘’’azzelett’’’ qui représente la référence lexicographique.

Prenons la phrase :

Tala n waman.

(Le ridicule ne tuant toujours pas, il se trouve qui s’aventureraient jusqu’à écrire : Tala bbwaman !)

Dans un dictionnaire, c’est la forme ‘Aman’ ou ‘waman’ qui doit être porté ?

- Qu’allons nous faire de ‘’’bbwaman’’’ ?

On a l’impression que la forme ‘’waman’’ est la même au singulier comme au pluriel.

Tala n waman.

Traduit-elle :

- La fontaine de l’eau ?

- La fontaine des eaux ?

En ta maziptt, ne peut – on pas écrire ou exprimer :

- Les eaux ?

Enfin, la transcription phonétique va jusqu’au bout de la médiocrité graphique en massacrant ta maziptt parlée et écrite !

L’écriture orthographique :

Pour écrire les langues ‘orthographiquement’, une seule graphie est disponible :

L’alphabet universel, ou le communément appelé ‘latin’. Il est stable, pratique, et économique.

Les caractères universels (latins) représentent un alphabet qui convient le mieux au système phonologique de la langue ta maziptt.
Aucun autre alphabet ne saura satisfaire les exigences orthographiques et grammaticales de la langue ta maziptt.

La diffusion de la production écrite en ta maziptt exige un système graphique adapté au matériel disponible, loin de toutes considérations idéologiques, affectives ou régionales. Ta maziptt n’a pas de choix à s’offrir : C’est la graphie exclusivement universelle qui doit la véhiculer.

L’alphabet universel (latin) :

L’alphabet universel (latin) est composé de vingt six (26) graphèmes, (vingt (20) consonnes, cinq (5) voyelles, et une semi-voyelle-consonne ‘’Y’’).

- Les consonnes tendues sont représentées par des consonnes doublées.

- Les sons non couverts par les vingt six caractères de l’alphabet sont représentés par des digrammes. Dans aucune ‘langue’ l’orthographe ne correspond parfaitement à la prononciation. Dans toute ‘langue’ un caractère ne représente pas toujours un même son et un son n’est pas toujours représenté par un même caractère !

Les graphèmes de l’alphabet universel (latin) ‘’de A à Z’’ s’ils ont acquis ce caractère ‘universel’, ils ne le sont que dans le sens ‘graphique’ ‘’typographique’’. Car chaque langue nationale donne, attribut un son qui lui soit propre à bien de caractères !

- Le ‘A’ français est ‘E’ anglais.

- Le ‘J’ français est ‘X’ (kh) espagnol.

En ta maziptt, certaines consonnes ont des valeurs phoniques autres que celles connues ou prononcées dans la phonologie latine, ou française.

Graphèmes
Phonèmes

C
CH

H
H anglais

O
O consonne

P
R grasseyé (gh)

Q
Q

U
Ou

W
Dh (gros ‘d’) (d point en dessous)

X
J espagnol (kh).

Les autres consonnes ont la même valeur phonique latine ou germaine.

A
B
D
E
   
F
G
I
J
K
L
M
N
R
S
T
V
Y
Z

Les voyelles :

Le système vocalique a mazip est constitué, composé de quatre (4) voyelles fondamentales et une semi-voyelle.

A
a

E
e

I
i

U
ou

Y
Voyelle et consonne.

Les voyelles accentuées :

Pour respecter, ne pas altérer la racine des vocables, i mazipen, lors de la conjugaison de verbes dans différents temps et/ou personnes, ou lors du passage de singuliers aux pluriels, accentuent les voyelles se trouvant dans le corps de ces vocables, et ce, conformément à des règles établies. (voir : L’orthographe grammaticale ta maziptt par M. BAHBOUH Lehsene éditée à compte d’auteur en 1992 avec la contribution du collectifs des associations culturelles d’Aokas/Evgaite)

En exemples, citons :

ârû ep
J’ai écrit

Ur ârû ep ara
J’ai pas écrit (je n’ai pas écrit)

Esen ep
Je sais (je connais)

ur esén ep ara.
Je ne sais pas (je ne connais pas.)

ualî ep
J’ai vu.

Ur ualî ep ara
J’ ai pas vu (je n’ai pas vu)

A gjazu
I gjâzû
Grappe (s)

A medackel
I medâckêl
Compagnon/ami (s)

T addêrtt
Tï âddêr
Villag (s)

Iniegjjé
I inîegjjeen
Témoin (s)

Les voyelles accentuées sont des instruments orthographiques qui contribuent à la fixation, à la standardisation de l’écriture ta maziptt en écartant les accents régionaux.

Une fois les règles d’orthographe assimilées par les élèves, ces accents seront de moins en moins utilisées.

Du pluriel :

En écriture orthographique, la succession de deux mêmes voyelles en résulterait un seul son. La première voyelle l’emportera sur la seconde.

Izemmee
I izemmêeen
Lion (s)

Ackal
î ackalen
Terre (s)

La valeur phonique de sons voyellisants peut changer selon des règles orthographiques préétablies. Par exemple :

Imi
(immée)
Bouche

Izi
(iezzé)
Mouche

N’ont pas la même prononciation au pluriel !

De même que :

Azmur
(a zemmërr)
De l’olive

Avernus
(a veprnues)
Burnous

Se prononceraient, au pluriel, différemment les uns des autres bien qu’ils ont, en apparence, la même structure.

C’est l’orthographe du singulier d’un nom qui doit décider de l’aspect de son pluriel.

Immée
I immêeen
Bouche (s)

Iezzé
I iezzeen
Mouche (s)

A zemmërr
I zemmerren
De l’olive (s)

A veprnues
I veprnüês
Burnous ( )

Phonèmes consonantiques d’origine arabe :

Deux consonnes (h, (h avec un point en dessous) et å ) sont d’origine sémitique (arabe). 
Ces graphèmes-phonèmes ne sont utilisés que dans des mots empruntés à l’arabe. (Orthographistes et phonétistes l’avouent).

La logique veut que, dans toute langue nationale, il est permis d’emprunter des vocables pétris dans le système phonique de cette langue, mais il est inadmissible d’emprunter des phonèmes ! Au lieu et place où il doit être question de l’éviction de ces phonèmes-graphèmes de la langue ta maziptt, orale et écrite, nos phonétistes s’ingénient à leur trouver des astuces typographiques, en mutilant un caractère latin et en introduisant un caractère grec.

La langue française peut bien introduire dans son dictionnaire le substantif :

A xam.

Mais, comme le phonème ‘X’ (kh) n’existe pas dans le système phonique français, le lexicographe français le transcrira, l’écrira comme suit :

Akam.

Nous constatons que pour admettre l’inadmissible, nos phonétistes sont allé jusqu’à se dire ‘Docteurs en linguistique de langue berbère’ comme s’il pouvait y avoir une linguistique berbère, une linguistique française, une autre chinoise, anglaise etc.. Quel est donc cet ‘État’ qui a eu le ‘culot’ de prodiguer de ces ‘diplômes’ de doctorat de langue ta maziptt à des individus n’ayant même pas fait leur cycle primaire dans cette langue, alors qu’ils sont incapables de conjuguer convenablement leurs verbes dans les trois principaux temps, et incapables d’écrire des substantifs conformément à des règles d’écriture que eux mêmes auraient rédigées sans se tromper, car ils ne seront pas conformes de leurs textes à leurs lexiques ou dictionnaires !

Les digrammes :

Les phonèmes i mazipen non couverts par les vingt six graphèmes orthographiques sont représentés par des digrammes.
Il existe donc plusieurs digrammes formés de deux, trois, ou quatre différents graphèmes. Ce qui tout à coup, nous évitera de mutiler ou de diacritiser des consonnes. On peut donc constater que l’écriture orthographique, en utilisant que les vingt six graphèmes universels, suggère des solutions académiques non sans tenir compte de la grammaire et surtout de la racine, de la terminaison, de tout terme a mazip.

Les mots sont lexicographiés, dans des dictionnaires, lexiques, ou phrases, sans supprimer les caractères phonologiques, ni altérer le corps de tout radical a mazip.

Les digrammes conçus par l’Académie de Langue ta Maziptt sont les suivants :

DJ
A Djus
Sud

DT
A Dterêr
Montagne

DTT
A Dttuaooaatt
Coupable

DTTT
Ta palêdttt
Hérisson / Murette

DZ
Ledzaire
Algérie

CK
Ackal
Terre

GJ
Igjennie
Ciel

JZ
A Qejzzapr
Pied

PR
A Qeprrëy
Tête

SZ
A Szubuo
Descente

TC
A Tcamêr
Barbe

TTT
Ta veprattt
Message

WT
Ta semmawtt
Froide

ZS
A zsaprif
Alun

L’orthographe des vocables se stabilise et la recherche de leurs définitions dans des dictionnaires ou lexiques devient possible, car, chaque mot est identifiable par son orthographe spécifique au singulier tout comme au pluriel sans porter aucune modification graphique dans leurs corps.

Quant au vocabulaire, il ne se trouve aucun individu qui emmagasinerait l’ensemble de mots de sa langue. C’est pour cette éventualité que le lexique, le dictionnaire furent inventés.
Nous ne sommes pas complexés d’entendre des mots de ta maziptt dont les définitions nous échappent. Or, nous rougissons pour dix quand nous lisons des mots dont nous maîtrisons les définitions mais que nous ne pouvons trouver, découvrir dans les lexiques, dictionnaires en notre possession.

Caractéristique de l’écriture orthographique :

En ta maziptt orthographique, comme dans toute langue respectable car enseignable, on ne parle que de l’alphabet orthographique aux phonèmes à unique graphème et de phonèmes composés de digrammes :

A paném
I pânêm
Roseau (s)

Ackal
î ackalen
Terre (s)

- Le substantif ‘a paném’ est composé de graphèmes – phonèmes.
- Le substantif ‘ackal’ est composé de graphèmes – digrammes (ck).

La vélarisation de phonèmes est une réalisation régionale, elle ne saura être notée en écriture orthographique.

A lepemm
I lepemmen
Chameau (x)

Eckrez ep
J’ai labouré
1ère orthographe

Ckerze ep
Je laboure
2èm orthographe

L’écriture orthographique distingue entre un article (détaché du substantif) et une voyelle initiale de substantifs (liée au radical).

Azal
î azalen
Valeur (s)

A zaell
i zäellen
Jour (s)

A pelênn
I pelennen
Nation (s)

A pelên
I pëlên
Torrent (s)

Les articles changent en passant du singulier au pluriel pendant que les voyelles initiales radicalaires sont, quant à elles, stables et invariables.

Singuliers
Pluriels
   

Aséfe
I äsêfeen
Rivière (s)

Aoal
î aoalen
Verbe (s)

Aséfe
I äsêfeen
rivières

ackel
Î ackalen
Terre (s)

agjur
Î agjuren
Lune (s)

ackellé
Î ackelleen
Esclave (s)

Toutes les particules grammaticales signifiantes (pronoms personnels ‘sujets de verbes’, de profit, réfléchis, adverbes, auxiliaires, prépositions, adverbes) sont dégagés, détachés de verbes conjugués.

Ualî ep
J’ai vu

Enn ualî ep
J’ai été vu.

Aedt uali ep
Je verrai

Edtt uali ep
Je vois

Ualî en ap
Ils nous ont vus.

Esse ârû ep’tt
Je l’ai fait écrire.

En emy ennê t idteddtt.
Nous nous sommes dit la vérité

Les verbes sont classés par groupes ou catégories, il suffit d’apprendre les règles de conjugaison d’un représentant pour conjuguer convenablement les verbes de ces différents groupes.

L’orthographe d’un verbe indique sa classe, son groupe, sa catégorie, et par conséquent, les caractéristiques de sa conjugaison.

Ualî ep
Edtt uali ep
Verbe du 1er groupe.

Essusem ep
Essusëm ep
Verbe du 2em groupe

Eckrez ep
1ere orthographe
Verbe du 3eme groupe

Ckerze
2eme orthographe
Verbe du 3eme groupe

L’orthographe du nom au singulier indique, renseigne, sur l’obtention de son pluriel selon des règles préétablies. (Voir ‘L’orthographe grammaticale ta Maziptt).

Dans un dictionnaire, dans un lexique, l’orthographe permet de classer les termes par ordre alphabétique, selon leurs formes les plus simples, les plus usitées :
- Les verbes à l’infinitif.
- Les substantifs au singulier.
- Les mots invariables, selon leurs caractères initiaux.

L’écriture orthographique respecte la grammaire et écarte le risque de confusion ou du tâtonnement du sens selon le contexte.

Les variations phoniques :

L’oral, ennemi de toutes langues qui se veulent vivantes, respectables, enseignables, a déjà causé bien de dégâts dans la langue ta maziptt.
L’absence de moyens de communications a très longtemps sévi pour accentuer les différences phoniques entre les locuteurs éloignés, ce qui a aussi engendré l’apparition de plusieurs accents régionaux sur l’étendue du territoire a mazip.

Aujourd’hui, avec l’explosion des moyens de communications, i mazipen découvrent qu’en réalité, leurs accents gardent une même structure morphologique, syntaxique orales en utilisant un même fond lexical.

Avec l’écriture orthographique, de la langue ta maziptt, une véritable renaissance de cette langue s’installera, lentement mais sûrement.

L’existence de différents accents régionaux est un phénomène naturel à toutes les langues. C’est grâce au dynamisme de l’enseignement de ta maziptt, rendue enseignable, que ces différences phoniques, déjà fragilisées par les différents travaux d’orthographistes, d’académiciens, commencerons à s’estomper pour finalement disparaître.

Les variations phoniques interaccents se manifestent essentiellement à travers certains sons formés de digrammes mais que les différents locuteurs scindent en différentes consonnes.

CK
Scindé en ‘C’ et ‘K’
Acal
Akal
Ackal
Terre

GJ
Scindé en ‘G’ et ‘J’
A gellidt
A jellidt
A gjellidt
Roi

Les phonèmes consonantiques et voyellisants prononcés différemment d’un accent à un autre, d’une région à une autre, ne sauront résister à un enseignement généralisé en utilisant un lexique unifié, panamazip, établi dans un intérêt exclusif de la langue ta maziptt.

En quoi un interlocuteur se sentira-t-il dérangé lorsqu’il entendra prononcer :

Aedt ett uali ew (ts)
Tu verras

Ae’t’ uali ew ? (t’)
Tu verras

Alors qu’en langue française, on écrit tous et toutes :

Petit

Pour prononcer, en lisant ou palabrant :

Petsi
Petchi
Petit !

Il est donc évident qu’il ne faut, en aucun cas, se baser uniquement sur les réalisations phoniques, accentuels (de réalisations régionales) pour enseigner ta maziptt dans les écoles. Il est plus urgent d’orthographier les mots selon leur prononciation la plus panamazip possible, et ce, en évinçant les graphèmes-phonèmes étrangers à ta maziptt.

La stabilité de la langue ta maziptt, l’élaboration de supports pédagogiques, scolaires, indispensables à l’enseignement de cette langue découlent de la nécessité de son écriture orthographique.

Conclusion :

L’écriture orthographique régie par des règles grammaticales, rigoureuses est la seule alternative capable d’estomper les réalisations phoniques, phonétiques, régionales, et qui pourrait garantir la normalisation et le succès de l’enseignement de ta maziptt unifiée, car structurée académiquement, orthographiquement, donc digne d’une langue enseignable, et d’enseignement.   

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