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Zighcult
13 mai 2007

Le SILA : reflet des évolutions du marché du livre en Algérie

27 janv. 2005

A propos du SILA
La manifestation, interrompue pendant plus de dix ans, a rouvert ses portes en 1999, non sans quelques déconvenues cependant pour les participants étrangers. L'annonce par le ministère des Finances pour l'occasion de l'exonération des droits de douane, ainsi que de la possibilité de réexporter leurs recettes sans difficultés a été contredite dans les faits plusieurs années de suite. Et ce malgré l'intervention de l'Anep (l'Entreprise nationale pour l'édition et la publicité) mandatée par le ministère de la Culture pour le représenter au Comité d'organisation du SILA. Cette importance donnée à un éditeur public avait été contestée par certains professionnels du livre algériens et de nombreux éditeurs avaient même, l'an passé, boycotté l'événement.

La 9e édition du SILA promettait, elle, la réunion au sein du Comité d'organisation, de différents acteurs dont l'Anep, mais aussi l'Association des libraires algériens (Aslia), le Syndicat des professionnels du livre (Spl) et le ministère de la Culture. Et l'ambition affichée par tous était de transformer l'événement de vaste « marché au livre » qu'il était en une manifestation qui permette aux professionnels de confronter leur expérience avec celle d'opérateurs internationaux et qui soit un lieu d'échanges pour le public.

De fait, les organisateurs ont pu se féliciter de la participation de 584 maisons d'édition, représentant plus de 20 pays (100 exposants de plus qu'en 2003, avec un prix des stands diminué), et du succès des animations culturelles. On comptait 184 maisons françaises représentées - sur le stand BIEF avec 2 500 titres, sur le stand de la Région PACA et sur des espaces individuels -, 116 maisons libanaises et 107 éditeurs égyptiens. Première participation de l'Iran et d'Oman ainsi que des États-Unis représentés notamment par l'ONG Sabre Foundation, qui a distribué près de 12 000 ouvrages en Algérie cette année. Parmi les 91 éditeurs algériens, citons en particulier Marsa, avec entre autres des ouvrages au format poche (vendus 200 DA), dont 6 000 exemplaires seront distribués aux étudiants, et Barzackh qui a réussi son partenariat avec les éditions de l'Aube ou Tell, maison plus récente qui travaille sur des ouvrages universitaires algériens.

Du côté des animations, de nombreuses signatures avaient été programmées chez Casbah, Barzakh, l'Enag ou Chihab. Quantité de rencontres, films, expositions, spectacles étaient proposés. Placé sous le signe de la commémoration du 50e anniversaire de la Révolution algérienne, le SILA rendait hommage à Frantz Fanon et un colloque, réunissait de nombreuses personnalités, d'Hervé Bourges à Alice Cherki ou Jacques Vergès. Sur le café littéraire se seront succédé de multiples intervenants : Pascal Boniface, Daniel Maximin, Marie Treps, Yves Quéré, André Ravereau, Cheikh Bouamrane, Benjamin Stora... Le Centre culturel français, pour sa part, rendait hommage à Jean Sénac (expositions, pièces de théâtre, lectures de poèmes...). Yasmina Khadra, venu pour son dernier roman, La part du mort, paru chez Julliard a remporté le succès escompté auprès du public.

Polémiques autour du Salon
Mais reproche fut fait aux organisateurs par des professionnels et des journalistes d'avoir favorisé le livre importé au détriment des auteurs algériens vivant en Algérie.On a parlé aussi de déficit d'organisation, des prix inabordables pratiqués sur certains stands (livres de poche vendus 750 DA au Salon quand on les trouve en librairie à 450 DA). On a reproché la part belle faite au livre religieux « bradé », quand pourtant les organisateurs ont insisté sur leur souci d'exclure de ce salon « l'obsession de l'identité et de l'ethnicité ». On a souligné le retard pris dans l'installation des stands au motif que les ouvrages étaient retenus à la douane par la commission de contrôle. Cette dernière était fort occupée en effet à interdire la présence sur le Salon d'ouvrages faisant l'apologie de la Salafia djihadiya, des Lettres persanes de Montesquieu mais aussi et plus arbitrairement les ouvrages de la Découverte (pourtant éditeur des textes de Frantz Fanon !), cette dernière interdiction ayant été à notre demande levée après 24 heures. On a tempêté contre les dates, avancées de quinze jours, tenant ainsi, en raison de la forte chaleur de ce début septembre et de la rentrée scolaire, le public à distance des Pins Maritimes.

Avec une sévérité parfois appuyée, des dysfonctionnements ont été pointés, indiquant que ce Salon n'est que le catalyseur des désaccords marqués entre les différents acteurs d'un secteur qui est aussi une industrie aux enjeux certains. Si des professionnels du livre se disent dépossédés de l'événement, s'ils contestent pour certains le rôle de l'Anep, entreprise d'État, dans son organisation, s'ils trouvent la part trop belle faite au livre importé (en particulier le livre scolaire français, exonéré de taxes douanières)... c'est qu'ils interpellent dans le même temps le gouvernement algérien sur la nécessité d'une exonération ou qu'ils constatent que si la lecture publique se porte mieux, la librairie, elle, reste fragile.

Le message de ce SILA est clair : le secteur du livre algérien est entré dans l'économie de marché et les professionnels demandent, aujourd'hui, à l'État une politique du livre affirmée.

Table ronde sur l'édition du savoir : points de vue
Témoignage de Guillaume Dervieux, directeur général d'Armand Colin
La table ronde, organisée par le BIEF, qui a eu lieu à Alger à l'occasion du 9e SILA prévoyait une rencontre sur le thème des éditeurs du savoir.Intéressante idée de confronter les expériences qui, sur les deux rives de la Méditerranée, rapprochent dans leur diversité culturelle et économique des passeurs de savoir français et algériens, hommes et femmes d'entreprise unis par la même passion d'éditer.

Initiative louable que de débusquer, même au prix d'échanges quelquefois vifs, les malentendus, d'afficher la difficulté à concevoir, tout autant qu'à mettre en œuvre, les moyens d'une collaboration durable et profitable pour tous.

Se confronter ainsi, c'est aussi dire qu'il nous reste beaucoup à faire pour bâtir et pérenniser des passerelles entre les économies du livre algérienne et française. C'est nous dire, sans faux fuyant, qu'il faut sans doute dépasser des tensions propres au secteur du livre algérien, surmonter la frilosité d'une édition française souvent trop soucieuse d'elle-même et renforcer le dispositif de subventions publiques français.

En somme, c'est une manière de nous dire qu'il ne faut pas en rester là. Alors, rendez-vous au 10e SILA ?

Témoignage de Boussad Ouadi, directeur général des Editions INAS
Une brève rencontre a réuni des éditeurs algériens, français et belges sur le thème de l'édition scientifique. L'intensité et la passion de certains échanges ont révélé à mon sens qu'au sein de la famille éditoriale algérienne doivent s'opérer un certain nombre de décantations et de clarifications.

Quel sens, quel statut attribuons-nous au savoir et à la science dans nos pays? Souhaitons-nous forger des outils de connaissance et de compréhension de nos sociétés et de leur place dans un monde planétarisé ou des outils opératoires pour des systèmes éducatifs performants, pour la production de biens et services adaptés au substrat culturel et historique de nos sociétés (agriculture, industrie etc.) ?

C'est en tout cas une tâche immense qui serait dévolue aux éditeurs qu'ils ne sauraient remplir en l'absence de stratégies ou de volontés émanant des institutions politiques compétentes.

On a l'impression aujourd'hui que c'est à Londres, à Paris ou à Francfort que nous apprendrions, via nos confrères éditeurs européens, comment « les spécialistes » comprennent et décrivent nos sociétés arabes, africaines ou asiatiques.

Cessions de droits, tirage à la suite, coéditions ou autres formes de partenariats ne prennent en compte aujourd'hui que les aspects financiers et industriels d'un processus dont il ne faut tout de même pas oublier l'essentiel : éditeurs de quelle science, quel savoir et pour qui ? à quelle fin ?

Livres.DZ
Cette nouvelle revue professionnelle est publiée par le SNEL (syndicat national des éditeurs de livres). Il s'agit d'une revue de 68 pages, en 4 couleurs, proposée en langue française et, pour certains articles, en arabe. Sa parution, prévue pour être trimestrielle, a démarré au deuxième trimestre 2004. Elle rend compte de l'actualité du livre en Algérie, de la place de l'édition algérienne dans les rendez-vous professionnels étrangers.

Selon le directeur de la publication, Smaïn Amziane, président sur SNEL : « L'initiative du Syndicat national des Éditeurs de Livres de créer [cette] publication est d'abord de ménager un espace d'information sur toutes les facettes d'une activité particulièrement exaltante mais aussi, à bien des égards, éprouvante. [...] Notre ambition est de réunir, avec la conviction de faire ainsi œuvre utile et la certitude que notre effort portera ses fruits, les conditions les plus à même de garantir le plein épanouissement d'un secteur sans lequel la démocratie et la modernité ne seraient jamais conçues dans la plénitude de leur sens. »

Livres.dz
Résidence El Annasser - 4 Copemad Sud Bt 76 
Kouba El Annasser 116 308
Tél. : 00 213 21 29 04 34

- Emmanuelle Martinat-Dupré

SOURCE

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